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juillet 13, 2021Martin Ferniot est né en 1993, à Paris.
Il est graphic designer, dans un studio de création qu’il a fondé avec deux de ses amis.
À découvrir ci-dessous, les confessions, récits et conseils d’un jeune designer, entré il y a peu sur le marché du travail.
Martin, peux-tu expliquer en quoi consiste ton travail ?
Je suis graphic designer, ou directeur artistique selon les missions. Mon travail consiste principalement à créer ou à recréer des logos à partir d’une base pré-existante, et à créer ou recréer des chartes graphiques. Autrement dit, je travaille sur l’identité visuelle de la marque qui me sollicite. Cela peut aller de leur site internet, aux différents contenus qu’ils souhaitent diffuser sur leurs réseaux sociaux, à des animations 3D… tout ce qui peut les définir, en somme.
Il s’agit parfois d’une refonte, auquel cas, nous travaillons ensemble à la nouvelle direction visuelle que souhaite prendre mon client. Il arrive également que je travaille sur la création même d’une marque, ce qui signifie que je démarre le travail à partir de rien.
Quel a été ton premier job, en entrant sur le marché du travail ?
En réalité, je travaillais déjà lorsque je faisais mes études. Je me débrouillais pour appliquer le plus vite possible les savoirs que j’apprenais à l’école.
Une fois diplômé, j’ai commencé à travailler à mon compte, et ma première mission a été de faire une refonte graphique pour la marque BioGroup. J’ai alors choisi de travailler avec un ami, qui était véritablement graphic designer depuis plusieurs années, alors que je débutais tout juste. J’ai tout appris de la réalité du métier à son contact. Mes études m’avaient appris beaucoup, évidemment, mais c’est en travaillant sur cette première mission que je suis vraiment entré dans le bain, que j’ai compris réellement les rouages du monde professionnel, et que mes réflexes se sont mis en place.
As-tu réalisé des stages ? Que t’ont-ils apportés ?
Pour être honnête, j’ai réalisé de nombreux petits boulots en tout genre, mais je n’ai jamais fait aucun stage, mise à part le fameux stage de 3ème. Je me souviens parfaitement bien qu’il s’était déroulé chez Xilam Productions, un studio d’animation à Paris. C’est à ce moment-là que j’ai pu observer ce qu’était le travail du dessin sur ordinateur, et cela a confirmé mes désirs. J’ai aussi compris à cette occasion, que c’était un métier dont on pouvait vivre. Avant cela, la profession m’était assez abstraite.
Tu travailles aujourd’hui pour Redemption Studio, que tu as co-crée avec Octave Marsal et Théo de Gueltlz. Quel chemin t’a mené jusqu’à la fondation de ce studio de création ?
LIEN VERS LE CLIP : https://www.youtube.com/watch?v=yv5xonFSC4c
Octave Marsal et Théo de Gueltlz sont deux amis, nous avons fait nos études ensemble. En 2019, ils en étaient aux prémices de la création de la boite, lorsqu’ils m’ont contacté pour une mission très importante. Il s’agissait de réaliser ensemble un clip pour Universal Studios, entièrement en animation, pour illustrer le morceau « Redemption Song » de Bob Marley. Ce travail nous a pris près de six mois, puisqu’il fallait réaliser un nombre considérable de dessin pour donner vie au projet : 2474 dessins ont été produits, il me semble, soit 12 images par seconde.
Cette mission était incroyablement inspirante, et nous a incité à ouvrir véritablement notre studio de création. On s’est donc lancé tous les trois, et Redemption Studio est né naturellement, de façon très fluide, baptisé en référence à ce clip.
Ce travail réalisé ensemble pour Universal nous avait énormément challengé, et nous avions le désir de poursuivre dans cette voie, en décrochant d’autres contrats de ce type, pour d’autres clients, d’autres marques ou d’autres artistes.
Quels sont tes outils indispensables pour réaliser des missions de graphic design ?
Pour tout graphiste, il me semble que la base absolue en terme de matériel, reste et restera des crayons et du papier. C’est par là que tout commence, à chaque fois.
Ensuite, je ne pourrais pas envisager de travailler sans mon scanner et mon ordinateur, avec les logiciels que je possède : à savoir, In Design, PhotoShop et Illustrator.
La suite Adobe est extrêmement pratique, incontournable même.
Ma palette graphique est également toujours dans mon sac, avec mon disque dur.
Je possède bien sûr beaucoup d’autres disques durs avec des sauvegardes de mon travail, tous mes dossiers et toutes mes créations. Je les garde précieusement pour m’assurer de ne rien perdre, et pour pouvoir régulièrement vider mon ordinateur qui peut arriver à saturation.
As-tu une ambiance de travail favorite ? Quel est ton processus pour te mettre au travail, et te sentir le plus productif possible ?
En réalité, je travaille bien mieux quand je me réveille tôt. L’idée d’avoir un début de journée bien rempli m’aide à garder de l’énergie, et a bien gérer ma journée.
J’essaye donc de mettre mon réveil de bonne heure, et de commencer ma journée par une séance de sport et un bon petit déjeuner avant de partir au studio.
Je me sens alors parfaitement prêt pour attaquer dans les meilleures dispositions.
Une fois au bureau, j’aime travailler à plusieurs dans la même pièce, même si chacun est assez concentré sur ses propres tâches, et que je visse un casque sur mes oreilles.
Je me fais une playlist idéale pour travailler, et je veille à avoir toujours un thermos de thé bien chaud près de moi, car la théine m’aide bien plus que la caféine.
Ensuite, j’attaque, et je commence directement par ce qui me paraît être le plus dur.
Je ne déjeune généralement qu’après avoir accompli pleinement cette première chose. Je déjeune donc parfois tard, et même parfois très tard, mais j’ai ensuite la certitude de passer un après-midi plus décontracté.
Quelle a été ta plus belle expérience professionnelle ?
Travailler pour Universal était sans doute l’une de mes plus belles expériences.
Sous certains aspects, c’était une mission qui pouvait être assez ingrate, mais c’était incroyable de créer une œuvre qui allait se superposer à la musique de bob Marley. Aller présenter le résultat final auprès de sa famille en Jamaïque était un moment vraiment marquant dans ma vie de créateur.
Réaliser toutes les étiquettes pour les produits de la marque Biogroup était également une expérience marquante, car j’étais jeune, et cela constituait une première véritable mission professionnelle. J’ai senti que je gagnais en légitimité.
Je pense également à mon travail récent pour la French-African Foundation. C’était à la fois stressant, rapide, exigeant, et très excitant. Un peu comme toutes les missions de ce métier !
Peux-tu raconter en quelques mots ta dernière mission de graphisme ?
Récemment, j’ai été démarché pour une refonte graphique du logo qui sert de blason à la République de Côte d’Ivoire suite à un changement de gouvernement. Ce nouveau gouvernement en question travaillait avec la boite de communication qui m’a démarché. Mais la mission a vite évolué, et s’est transformée en une refonte de toute la charte graphique visuelle, notamment pour leur site internet. C’était donc un projet bien plus long que prévu.
Aujourd’hui, je travaille toujours dessus, cela fait 15 jours environ, et nous en sommes à 4 allers retours, dans mes propositions créatives.
Nous affinons, pour parvenir à un résultat parfait.
Je pense qu’il y aura encore un ou deux allers-retours avant d’achever cette mission.
Aujourd’hui, arrives-tu à te projeter dans les évolutions de ton métier de graphiste ?
À mon sens, Redemption Studio devrait prochainement se spécialiser dans l’animation.
Les missions de graphisme vont donc évoluer, et prendre une forme différente.
Au fur et à mesure du temps, chacun de nous trois espère pouvoir accorder du temps à sa production personnelle, Théo est photographe, je suis peintre et sculpteur, Octave est artiste également…
Nous espérons également que le graphisme numérique nous aidera à porter des marques sur des nouveaux marchés, comme le marché de la NFT, qui nous parait porteur et innovant pour beaucoup de marques. C’est sans doute à nous, jeunes graphistes, de proposer des alternatives concrètes à nos clients.
Quelle est, à ton sens, la qualité indispensable pour réussir dans ton métier ?
Les dix premières années en tout cas, il s’agit d’être patient et particulièrement bosseur.
Il ne faut jamais compter le temps que l’on accorde à son travail, et il faut y aller à fond. En travaillant beaucoup, tout le temps, et en ne pensant pas en permanence à la rémunération, on finit par se faire une place dans ce métier.
D’autre part, j’ai pu constater que beaucoup de clients préfèrent s’adresser à des jeunes graphistes indépendants, plutôt qu’à des grandes agences, qui facturent 2 ou 3 fois plus cher.
Être indépendant est donc une véritable force. La qualité indispensable sera donc de savoir rester bon marché, dans un premier temps en tout cas, et de se montrer très original et créatif. L’association de ces critères garantira des missions nombreuses et rapidement intéressantes.
LIEN VERS LE SITE DE MARTIN : https://www.martinferniot.com/
Quel conseil aimerais-tu donner à un étudiant en graphisme, encore sur les bancs de l’école ?
Je pense que je dirais à un étudiant que, s’il pense le graphisme en fonction de ce qui s’est fait les 20 dernières années, il ne parviendra pas à ses fins. Tout l’enjeu, selon moi, c’est de se demander à quoi ressemblera le graphisme, la communication, la publicité de demain, ou même dans 10 ans.
Quelles seront les nouvelles formes ? Quel support devrait émerger très prochainement ?
Il faudra savoir apporter aussitôt un design intéressant, un vrai regard artistique et esthétique, pour proposer un visuel impactant et adapté à ces nouveaux supports. Quand tu es graphic designer, tu es obligé de te poser les bonnes questions visuelles, d’avoir un coup d’avance sur ce qui va plaire et ne pas plaire.
Il faut savoir être fédérateur autour d’une idée graphique, c’est donc bien plus facile de faire simple et impactant, que de vouloir faire trop de chichis.
Quoi qu’il en soit, je dirai au futur graphic designer de ne jamais être dans la retenue, et de travailler sans relâche.