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février 25, 2021Alors pour commencer, « bau » signifie « bâtiment », et « Haus », signifie « maison ».
Là tout de suite, peut-être que ce n’est pas très clair, pourtant, le Bauhaus est l’un des courants artistiques les plus importants du siècle dernier, tant du côté de la peinture, que de l’architecture ou de la décoration d’intérieur.
Retour sur ce mouvement, né en Allemagne au lendemain de la Première Guerre mondiale, et qui demeure aujourd’hui encore, comme un incontournable dans l’histoire de l’art.
Première chose à savoir : le Bauhaus est né en Allemagne, à l’époque de la République de Weimar. Le peintre, architecte et décorateur Henry van de Velde, et le designer Walter Gropius, réunissent l’école des arts décoratifs et l’académie des beaux-arts de Weimar. Cette fusion permettra la naissance d’une seule école, qui aura pour nom « Bauhaus ».
Cette école complètement atypique porte des idées révolutionnaires.
Le premier directeur de l’école, Walter Gropius rédige d’ailleurs un manifeste du Bauhaus en 1919, dans lequel il explique que « le but final de toute activité plastique est la construction ». Il poursuivra dans son idée en interpellant directement les corps de métier : « Architectes, sculpteurs, peintres, nous devons tous revenir au travail artisanal, parce qu’il n’y a pas d’art professionnel. Il n’existe aucune différence essentielle entre l’artiste et l’artisan ».
Il y a donc avec le Bauhaus, un rêve palpable d’unir tous les arts.
Ce qui n’est pas totalement nouveau dans l’Histoire de l’Art, mais … il semble que tout prenne un sens nouveau suite à un Première Guerre mondiale qui a lourdement ravagé l’Europe.
Il s’agit alors de se réunir autour d’une utopie, et de poser les bases pour construire un monde meilleur. L’art et la technique s’allient alors, dans l’espoir de créer une unité. Un pied de nez à la guerre, en somme.
Au sein de l’école, une pédagogie nouvelle est proposée : chaque atelier est dirigé par un artiste et un artisan. Les directeurs successifs du Bauhaus recrutent donc les plus grands artistes de leur temps, architectes, photographes ou designers, comme Josef Albers, Vassilly Kandinsky, Paul Klee ou Marcel Breuer. Du côté des élèves, les étudiants sont accueillis sans limite d’âge, ni condition préalable de diplôme. Une utopie totale.
Le cœur du projet du Bauhaus est donc de mélanger toutes les disciplines, sans aucune hiérarchie : métal, verre, bois, textile, danse, photographie, tout se mélange.
Une esthétique commune se développe, basée sur une élégance simple.
Peu à peu, le Bauhaus produit des objets qui se veulent universels, transcendant les frontières et surtout…les classes sociales.
Mais en 1924, c’est la douche froide. Ce qui apparaissait comme une fabuleuse ruche artistique, sera malmené par les réalités politiques. Le gouvernement social-démocrate de la région de Weimar perd les élections : le Bauhaus voit ses subventions divisées par trois, et doit se dissoudre.
L’école tente alors un tour de force, et s’installe dans la ville industrielle de Dessau. Les débats qui agitent l’école sont bien plus politiques, et la pratique se tourne plus fortement vers l’architecture. Toutefois, la montée du nazisme ne laissera pas le temps au nouveau directeur d’appliquer les réformes qu’il avait en tête.
Le Bauhaus ferme de nouveau, en 1932.
Pas facile de subsister, quand les nazis au pouvoir condamne aussi fermement cette école, qualifiant le Bauhaus d’art dégénéré. Surtout que le parti d’Hitler reproche à de nombreux membres du Bauhaus leur passé communiste (ce qui avait déjà contribué au départ de l’ancien directeur, Hannes Meyer, en 1930).
La plupart de ses membres émigrent vers les Etats-Unis, ou même vers Israël, où ils construiront des milliers de bâtiment dans le style inventé en Allemagne.
De 1931 à 1956, par exemple, près de 4 000 bâtiments de style Bauhaus ont été construits à Tel Aviv ! Les habitations sont alors pensées avant toute chose pour être fonctionnelles, simples et ouvertes sur l’extérieur. Ainsi, on retrouve de nombreux balcons et terrasses au style épuré.
Un patrimoine architectural célébré : un important programme de réhabilitation de cette véritable réserve naturelle du Bauhaus a été mis en œuvre pour le centenaire de Tel Aviv (1909-2009).
Le Bauhaus de Tel Aviv, en fait aujourd’hui une ville classée au patrimoine culturel mondial par l’Unesco, et regroupe le plus grand nombre de bâtiments d’inspiration Bauhaus au monde.
Du côté des États-Unis, l’exode allemand représente une véritable aubaine. Les grands professeurs ont dû fuir le 3ème Reich, et développent leur style en Amérique, redessinant les villes de New-York et Chicago.
Les idées de l’École du Bauhaus fusionnent avec les techniques de construction en acier et en verre des États-Unis : le tout donne naissance à un style international, en rupture totale avec les traditions du passé.
Enfin, il est important de savoir que l’école du Bauhaus a beau avoir été célébrée pour ses réalisations architecturales, son influence dépasse de loin ce secteur, et fait souffler un vent de nouveauté sur tous les arts appliqués.
Les historiens de l’art s’accordent aujourd’hui pour désigner le Bauhaus comme un véritable précurseur du design contemporain, et de l’art de la performance.
Cette renommée internationale a d’ailleurs été acquise au travers des figures d’avant-garde qui s’affiliait au Bauhaus, mais également grâce à ses soirées mondaines, organisées avec soin par Oskar Schlemmer et ses élèves.
Ces soirées permettent d’accroître la notoriété du Bauhaus, et de véhiculer ses idées.
Schlemmer expliquera même que ces soirées reflétaient tout l’esprit originel du projet du Bauhaus.
Il faut donc retenir, que malgré le peu de temps d’ouverture de l’école (quatorze ans seulement), le Bauhaus a décloisonné les frontières entre art et artisanat, tout en développant un style architectural devenu universel.