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mars 23, 2021Philippe Starck, est sans doute la figure la plus « touche-à-tout» du design. Aujourd’hui âgé de 71 ans, le créateur s’est essayé à tous les domaines imaginables : l’électroménager, l’architecture, la conception nautique, la parfumerie, l’alimentaire, le luminaire, le transport, l’hôtellerie, et bien d’autres secteurs encore. Véritable pionnier dans le design démocratique, Philippe Starck connaît rapidement le succès et se fait un nom célèbre dans le monde entier dès les années 80.
Découvrons ci-dessous, le travail colossal de ce créateur français, qui se vante aujourd’hui de plus de « 10.000 créations ». Sa trajectoire visionnaire, et ses grandes convictions écologiques, demeurent une référence incontournable dans le monde du design.
Philippe Starck naît à Paris, dans toutes les premières années du baby-boom.
En 1949, il débarque dans une famille qui va grandement influencer ses passions à venir : son père, André Starck, est ingénieur aéronautique et fondateur des Avions André Starck. Le ton est donné : le petit Philippe commence sa scolarité à Notre-Dame de Sainte-Croix à Neuilly, et deviendra étudiant à la célèbre école Camondo à Paris. Un chemin évident pour Philippe Starck qui déclare : « Mon père était ingénieur aéronautique. Pour moi, ce fut comme une obligation à l’invention ».
Car après avoir passé son enfance à observer les tables à dessin de son père, le jeune homme développer l’amour du geste créatif, et de l’association parfaite entre l’élégance et la rigueur.
Un nouveau terrain de jeu s’ouvre au jeune étudiant, qui explique aussitôt, « il n’y a pas de travail dans ma vie ! Il n’y a que du jeu, de la curiosité, de la générosité, de la vision. »
Cet état d’esprit se développe, et dès le début de sa carrière de designer, Philippe Starck entend travailler sur des créations profitables à tous, et soigneusement pensées dans les moindres détails.
Lors de son passage à Camondo, le jeune homme se montre peu assidu, mais produit dès 1969, une structure gonflable, révélatrice de toute sa réflexion à venir sur la matérialité. Son intérêt pour les lieux de vie s’accroît, et Philippe Starck ne tarde pas à se faire remarquer : peu de temps après, Pierre Cardin, grand couturier, lui propose carrément un poste de directeur artistique dans sa maison d’édition.
À cette époque, Philippe Starck commencera à concevoir des objets qui deviendront emblématiques, et en 1976, le designer franchir un nouveau pas, en décorant la boite de nuit « La Main Bleue » à Montreuil. Le projet fait grand bruit, car l’attention portée par Starck sur un lieu assez excentré, propose une nouvelle définition des lieux, dits « respectables ».
Par la suite, Philippe Starck poursuit dans cette lancée des lieux festifs et s’attèle au mythique club des « Bains Douches » à Paris, et signe le « Starck Club » à Dallas.
À cette époque, Philippe Starck s’autorise à voir grand, et fonde sa première société de design industriel : Starck Product. Le designer développe des collaborations prestigieuses, avec des artistes et des éditeurs internationaux. L’originalité de Starck s’affirme, avec une ligne claire : créer des produits révolutionnaires dans leur esthétique, mais qui seraient vendus à des prix accessibles, dans des lieux populaires. En effet, Philippe Starck refuse d’envisager le design comme un symbole de richesse, et entend améliorer la vie du plus de gens possible.
L’année 1983 marquera le grand boom de notoriété de Philippe Starck, aux yeux du grand public. François Mitterand alors président, le choisit (sur conseil du ministre de la culture), pour décorer les appartements privés de l’Elysée. Cette décision valorise le design comme un art à part entière, et propulse Philippe Starck vers une renommée internationale.
Ce succès se poursuivra l’année suivante, avec la création du Café Costes, dans lequel se précipites les célébrités du monde entier. Les codes du café parisien sont repensés, avec une élégance nouvelle, le style Starck atteint son apogée.
Pour le designer, on parle presque de militantisme, pour promouvoir un « design démocratique ».
Aux yeux de Philippe Starck, le « populaire est élégant, et le rare est vulgaire ». Pas question donc, de créer pour les élites. Pour mettre en application ce principe, il développe une collaboration avec les 3 Suisses, qui lui permet d’augmenter les quantités produites de ces créations, et de diminuer les coûts. La vente par correspondance deviendra son cheval de bataille.
Le succès est au rendez-vous, Philippe Starck développe des meubles de qualité, mais au prix accessible, et la Chaise Louis Ghost de Kartell (datant de 2000) se vend par exemple à plus d’un million d’exemplaires.
Cette chaise devient un symbole de son travail sur la dématérialisation : « peu de matière pour plus d’intelligence », explique t’il. Son idée du design pour tous, le conduit à explorer la brosse à dent, les couteaux de cuisine, le disque dur, la lampe, le casque audio, et même la carte Navigo, qu’il dessine en 2011.
Dès 2002, Philippe Starck s’était déjà associé avec l’enseigne américaine Target, pour concevoir soixante objets du quotidien, réinventés, et vendus à « leur juste prix ».
Toutefois, après avoir multiplié les succès, et fait de son style une référence sur le marché international, Philippe Starck se voit également confier des projets très prestigieux.
En 1992, notamment, Philippe Starck dessine la vasque et la flamme olympique des Jeux olympiques d’hiver à Albertville.
Dès 1989, il imagine des immeubles au Japon, le premier étant à Tokyo, et se voulant révolutionnaire puisque anthropomorphique (recouverte d’un matériau vivan, la structure évolue donc avec le temps). Les commandes japonaises se poursuivent, avec toujours cette conviction en tête : créer en adéquation avec l’environnement, sans l’endommager.
Du côté français, Philippe Starck s’attaque à l’extension de l’École Nationale Supérieure des arts décoratifs (ENSAD) à Paris, et entame rapidement une série de commandes pour des projets d’hôtels.
Dès les années 1980, Philippe Starck s’investit en effet dans des conceptions partout à travers le monde : le Royalton, puis le Hudson à New York, le Delano à Miami, le Mondrian à Los Angeles, ou encore le Saint Martin’s Lane et le Sanderson à Londres, en sont quelques exemples. Là encore, le projet de Starck semble être de démocratiser des hôtels « de design et de qualité ».
Philippe Starck développe toutefois dans les années 2000, une nouvelle chaîne d’hôtels de luxe, avec l’entrepreneur Sam Nazarian. Objectif : renouveler les codes de ce secteur, et proposer une interprétation singulière. Toutes ces expériences mèneront Philippe Starck à récolter en 2005, le prix du meilleur hôtel de l’année pour l’hôtel Faena de Buenos Aires, ouvert l’année précédente. Une distinction, rapidement suivi d’une deuxième : le designer reçoit un prix du Condé Nast Traveller pour son ambiance et son design.
À Paris, Philippe Starck s’attaquera ensuite à l’hôtellerie de luxe, en repensant le Meurice en 2008, puis le Royal Monceau en 2010. Huit ans plus tard, le designer ouvrira un nouvel hôtel dans le 16ème arrondissement de Paris, Le Brach, dans un ancien centre de tri postal des années 1970.
« Ce n’est pas du tout un lieu à la mode, c’est un lieu qui existe parce qu’il a cette ambition unique de nous faire voyager dans le temps, dans la géographie, dans la culture et finalement dans l’humain », déclare Philippe Starck à cette époque.
Ce travail abondant pour le secteur de l’hôtellerie conduit également Philippe Starck à travailler pour de nombreux restaurants, à Paris, Tokyo, Madrid ou Mexico. Quelques exemples parisiens : les restaurants Bon (2000) et Bon II (2002) dédiés au bio et au sain, Le Kong (2003) proposant une ambiance très moderne, ou l’excentrique Miss Ko près des Champs-Elysées (2013).
À l’étranger, Philippe Starck développe par exemple une série de restaurants japonais aux Etats-Unis, et s’attèle ensuite à divers projets au Koweït, à Dubaï, aux Bahamas ou au Qatar.
La production abondante de Philippe Starck, touche progressivement tous les domaines imaginables en terme de design, et des sociétés du monde entier passent commande au créateur.
Au cours de sa carrière, le designer semble n’avoir négligé aucun aspect de sa profession : le mobilier, la décoration intérieure, le mobilier urbain, les éoliennes, le photomaton, les équipements de la maison, les luminaires, l’habillement et les accessoires, l’horlogerie, les jouets, la verrerie…
Passionné par la mer et les bateaux, Philippe Starck ira même jusqu’à concevoir l’esthétique extérieure et l’organisation intérieure, du Port Adriano à Majorque, et à dessiner un bateau pour Steve Jobs, ou le Sailing Yacht A, plus grand voilier du monde (plus de 142 mètres de long). Un nouveau secteur dans la carrière de Philippe Starck, qui mènera la SNSM à faire appel à lui pour penser le design d’un dispositif d’alerte portable, qui sera présenté lors du salon nautique à Paris en décembre 2018.
Philippe Starck se montrera également engagé dans des créations culturelles : en 2011 par exemple, il travaille sur l’Ideas Box en partenariat avec Bibliothèques sans frontières pour développer une sorte de médiathèque en kit, destinée à faciliter l’accès à la culture, pour les personnes les plus isolées (quartiers populaires, et même camps de réfugiés).
La structure, déployable en 18 minutes seulement, permet de fournir un accès à Internet, aux livres et aux films n’importe où sur la planète.
Trois ans plus tard, Philippe Starck inaugure également « Le Nuage », à Montpellier, sorte de village vertical proposant des activités culturelles, enveloppé dans une membrane transparente.
Une créativité sans limite, une imagination sans bornes, qui conduira Philippe Starck à réinventer l’architecture, tout en repensant des objets du quotidien comme l’économe. Même du côté des parfums, Philippe Starck se veut inspiré, et présente sa propre collection, en collaboration avec de grands maîtres parfumeurs, après avoir réalisé une collaboration avec Nina Ricci.
Une approche éthique et écologique
Philippe Starck s’est imposé comme l’un des designers les plus touche-à-tout de sa profession, en prônant depuis le début de sa carrière, une véritable conscience éthique et écologique.
En août 2011 par exemple, le créateur déclarait : « Quand j’ai créé mon agence il y a trente-deux ans, j’ai fait adopter une charte éthique en m’interdisant certains secteurs comme les armes, l’alcool, le tabac, le pétrole et la religion ».
L’année suivante, Starck a publié son premier livre d’entretiens, dans lequel il dévoile en détails son regard sur les enjeux du monde, en passant par les notions d’écologie, de solidarité, et de science. Un positionnement parfois qualifié de politique.
Pour celui qui a même fondé sa propre compagnie d’aliments biologiques, le concept d’écologie démocratique s’est imposé comme une nécessité. Philippe Starck a ainsi œuvré pour rendre l’écologie accessibles à tous, en proposant par exemple des éoliennes personnelles ou en pensant des bateaux solaires et des véhicules à hydrogène.
En 2019, également, Philippe Starck à tenter le pari d’éviter le cuir pour le mobilier, pourtant choix évident, pour penser une gamme en cuir de pomme. Cette même année, il créé d’autre part « Smart Wood » pour Kartell, une collection de sièges réalisés avec le moins de matière possible, grâce à une technique de moulage de résidus de bois.
Une vision éthique, qui a pour utopie, une planète plus égalitaire, et qui a donné lieu à des projets peu conventionnels. Cette vigilance pour les thématiques écologiques a été véritablement visionnaire, de la part de Philippe Starck, qui a ensuite pleinement affiché son désir de proposer une décroissance positive.
Aujourd’hui, ses créations sont exposées dans les collections de musées européens et américains, notamment au musée national d’art moderne, au musée des arts décoratifs de Paris, au MoMA, au Brooklyn Museum de New York, au Vitra Design Museum de Bâle, et au Victoria and Albert Museum de Londres. En 2011, plus de 660 de ses oeuvres figuraient dans les collections publiques françaises.