Mastère Communication et direction artistique
février 17, 2015Concours l’Étudiant
février 24, 2015Niki de Saint Phalle, « l’enfant terrible de l’art »
Du 17 septembre 2014 au 02 février 2015 s’est déroulée au Grand Palais l’exposition Niki de Saint Phalle organisée par la Réunion des Musées Nationaux, qui fut la plus grande rétrospective consacrée à l’artiste depuis plus de vingt ans.
Catherine Marie-Agnès Fal de Saint Phalle, dite Niki de Saint Phalle est née le 29 octobre 1930 à Neuilly-sur-Seine et s’est éteinte le 21 mai 2002. D’une mère américaine et d’un père français, Niki de Saint Phalle vivra jusqu’à ses trois ans chez ses grands-parents pour ensuite rejoindre sa famille à New-York. Elevée dans une famille bourgeoise et catholique, l’artiste déjà étouffe et refuse de s’identifier aux femmes qui l’entourent comme sa mère ou ses tantes. Niki de Saint Phalle a soif de liberté et veut dévorer le monde à sa manière, celle des hommes. Cette obstination dévorante au fil des années va modifier son destin. Refus catégorique de suivre le chemin de soumission tracé pour elle, l’artiste s’émancipe et devient mannequin en 1946 puis se marie en cachette en 1949. Ainsi débute sa première libération sur le monde. Le rêve, l’aventure, la découverte : l’artiste ne se lasse pas de visiter les musées, les cathédrales, observe la vie, rencontre au cours de ses différents voyages en Europe des artistes et se constitue une culture profonde et personnelle.
Rien ne laissait présumer du destin de Niki de Saint Phalle, qui, attirée par le monde artistique, réalisera à cette époque ses premières toiles. Mais l’artiste sera hospitalisée suite à une crise de schizophrénie en 1953 et se relèvera de sa maladie en peignant avec ardeur. Influencée par Pollock, Dubuffet et marquée par la visite du parc Güell à Barcelone, Niki de Saint Phalle introduira dans ses tableaux toutes sortes d’objets comme des boutons, coquillages, grains de café et bien d’autres encore. Ses œuvres se multiplient mais malgré la variété de couleurs utilisées, elles dégagent une impression de solitude et de tristesse. Niki de Saint Phalle expulse sa colère et sa furie à travers ses œuvres comme pour les repousser, les refouler au plus lointain. Aussi, de son passé tourmenté et son puissant désir d’émancipation et de liberté, Niki de Saint Phalle tire son inépuisable force dans la création.
La femme comme sujet central
L’artiste utilise la femme comme sujet central, moyen détourné pour continuer à se libérer et à prendre une revanche sur la vie. Niki de Saint Phalle ne veut pas rester une femme objet qui souffre à qui l’on dicte ce qu’elle doit faire. Sa soif de vengeance sur son passé et sur ses relations antérieures l’oblige à se métamorphoser en héroïne. Fléchettes et carabines sont des outils utilisés par l’artiste pour créer et finaliser ses toiles. Ainsi, elle a le sentiment de guérir et d’exorciser son mal. A ce sujet, Niki de Saint Phalle parlait de « guerre sans victime ». Les couleurs de ses peintures jaillissent au hasard des tirs et éclaboussent les toiles. L’artiste fait parler d’elle, scandalise ou émerveille, et ses événements sont pour certains filmés et photographiés.
Niki de Saint Phalle est devenue célèbre et ses créations font beaucoup parler d’elle. Cependant, le sujet qui reste essentiel à ses yeux est celui de la femme : son rôle, son pouvoir. Aussi, elle met fin aux tirs et se met à caricaturer les rôles de la femme dans la société comme « La mariée » en 1963, « L’accouchement rose » en 1964 ou « La crucifixion » en 1965. Ces toiles, créées d’assemblage d’objet ou de plâtre sont impressionnantes. Soumission, oppression, puissance… L’artiste ose et met en relief tous les interdits et les non-dits et impose ainsi avec ferveur ses convictions féministes et politiques.
Les toiles de l’artiste évoluent au fil des années. D’une première période triste limite morbide, elle a su rebondir et faire ainsi passer son message, celui de la femme dans la société telle qu’elle la concevait. Pour cela, Niki de Saint Phalle crée à travers ses peintures des femmes dont l’avenir était tout tracé comme celui qui devait lui être imposé.
De la peinture, l’artiste évolue peu à peu vers la sculpture. Niki de Saint Phalle devient indissociable des nanas et des nombreuses sculptures et architectures monumentales qui ornent les espaces et les jardins publics dans le monde entier. Par leur volume, elle exprime la force, le pouvoir et le besoin d’être reconnue. Les statues semblent vivantes, presque toutes en mouvement telles des danseuses libres. Le « nana power » est en plein mouvement et accentué par la lutte contre la ségrégation raciale d’où « Black Rosy ou My Heart belongs to Rosy » en 1965 ; grand succès international pour l’artiste qui multiplie les créations des nanas présentées seules ou en groupe.
Découverte d’une artiste autodidacte sous tous les angles, cette exposition a suscité la curiosité mais a permis de cerner Niki de Saint Phalle d’une autre manière. Pari tenu pour cette femme à la détermination débordante : prendre une certaine revanche sur la vie à travers son art. Son envie de changer le monde, sa soif de liberté, de découverte et de pouvoir l’ont élevée au rang des artistes de renommée internationale et lui ont permis d’exprimer, à sa manière, ses convictions politiques mais surtout féministes pour lesquelles elles s’est toujours battue.
Julie Faure, étudiante en BTS Design Produit 2ème année