News Com’art : Workshop Architecture d’intérieur
juin 3, 2022Summer in Paris : tour d’horizon des expositions gratuites à découvrir tout au long de l’été !
juillet 5, 2022En matière de cinéma, il faut savoir que le trucage a toujours fait partie des désirs et des préoccupations des réalisateurs et ce dès les prémices de ce nouvel art.
Toutes les formes de spectacle en général ont toujours essayé de mettre en place des techniques d’illusion afin de créer de nouvelles formes de beauté et de libérer le champ des possibles. Une histoire de recherche et d’innovation, tant technique qu’esthétique, qui démarre à l’époque de Georges Méliès et qui ne cesse de repousser les limites avec la sortie prochaine d’Avatar 2.
Retour sur quelques dates clés dans la création d’effets spéciaux, ainsi que leur impact sur la production audiovisuelle.
Les prémices de Georges Méliès
La première grande période dans l’histoire des effets spéciaux est incarnée par le réalisateur Georges Méliès (né en 1861, et décédé en 1938). Réalisateur de films et illusionniste, ce Français est considéré comme le père des trucages cinématographiques. A vrai dire, son premier effet spécial naît surtout d’une panne de caméra. Alors qu’il filme la place de l’Opéra, plus d’une minute de pellicule manqueront à l’appel, ce qui engendrera la disparition subite d’un autobus au visionnage et son remplacement par un corbillard.
Cette découverte donnera à Méliès le désir de reproduire cet accident en filmant une femme assise sur une chaise, puis d’arrêter la caméra et de remplacer l’individu par un squelette. Nous sommes en 1896 et ce procédé nouveau apparaît comme une illumination aux yeux du réalisateur : un personnage ou un objet peut être transformé par un autre selon un jeu d’assemblage de différentes pellicules, et ainsi créer un effet narratif et visuel.
Cette première expérience inspire à George Méliès un désir de se livrer à d’autres expérimentations, qui s’avéreront de plus en plus fantastiques. Tout cela relève encore du bidouillage, mais peu à peu les films du réalisateur se dirigent vers le féerique, le spectaculaire. À coup de trappes sur le plancher, de modification des pellicules du tournage, d’accessoires truqués, de pyrotechnie, de surimpression et d’incrustation, les films proposés se font de plus en plus techniques, de plus en plus bluffant pour le public de l’époque, sidéré de voir par exemple une lune au visage humain prendre un obus dans l’oeil.
Méliès sera par la suite copié dans le monde entier et le trucage d’images de cinéma deviendra une technique de plus en plus employée dans la fabrication d’un film.
En 17 ans de pratique cinématographique, le réalisateur aura imaginé et achevé plus de 600 courts-métrages, principalement axés sur la science-fiction, la reconstitution historiques et le domaine de la féerie.
L’effet King Kong
Après la révolution Méliès au sein du 7ème art, les professionnels se spécialisent de plus en plus et toute l’industrie s’organise autour de ce nouveau savoir-faire. Les premiers brevets techniques d’effets spéciaux commencent même à voir le jour en Europe comme aux Etats-Unis. Outre-atlantique, Hollywood prend alors de l’ampleur et de nombreux studios se développent.
Au fur et à mesure, des départements d’optique sont imaginés pour intégrer ces studios, tout comme une nouvelle approche des décors avec des jeux de peinture, ce qui permet de créer une sensation de plus en plus importante de réel lors de la mise en place de trucages.
Finalement, dans les années 1930, les effets spéciaux sont quasiment omniprésents dans les films américains. En 1933, un film d’un nouveau genre sera présenté dans les salles obscures et marquera une nouvelle révolution : le King-Kong de Cooper et Schoedsack. Pour animer le célèbre gorille, les réalisateurs mettent au point une nouvelle méthode, appelée le « stop motion ». Ainsi, la grande figurine utilisée pour incarner le singe géant sera prise en photo à de nombreuses reprises, son expression faciale et ses membres étant déplacés entre chaque image. La mise bout à bout de tous ces éléments permet alors de créer l’illusion d’un mouvement.
De quoi générer un rendu final qui terrorisera toute une génération de spectateurs, effrayés par cette créature à mi-chemin entre un gorille et un homme à poils longs.
Ce film marque également la naissance de l’animatronique. En somme, King Kong représente une véritable claque visuelle pour toute la profession et pour le grand public.
De façon générale, les techniques d’effets spéciaux sont grandement utilisées entre les années 1930 et les années 1950, en particulier grâce à l’arrivée de la couleur qui suppose des adaptations dans le processus de fabrication du film.
Pourtant, les techniciens spécialisés dans le trucage sont contraints de travailler dans l’ombre : Hollywood impose la culture du secret et demande la plus grande discrétion à ses équipes pour surprendre un public incapable d’imaginer les procédés utilisés pour réaliser de tels effets.
Au cours des années 1940, le fameux fond vert fera également son apparition, ce qui ouvre un nouveau champ des possibles.
La science fiction des années 1970 et 1980
Après la guerre, et plus particulièrement dans les années 1970 et 1980, l’utilisation de maquettes et de sculptures est au cœur de la production d’effets spéciaux.
Avant d’être numériques, les trucages sont donc surtout mécaniques. C’est par exemple le cas du célèbre film de Stanley Kubrick « 2001, l’Odyssée de l’Espace ».
Toutefois, c’est bien le premier film de la saga Star Wars de George Lucas qui marquera un véritable tournant dans le 7ème art. Nous sommes alors en 1977 et nous entrons dans un nouvel âge d’or des effets visuels, où tous les coups sont permis pour faire voyager le spectateur dans un monde imaginaire.
Dorénavant, les effets spéciaux seront pris en charge par des sociétés spécialisées, comme par exemple Industrial Light and Magic (ILM) fondée par Georges Lucas lui-même.
Il faut dire que les effets prennent une dimension absolument centrale dans ce premier volet de la guerre des étoiles, avec par exemple des vols de vaisseaux filmés à partir de maquettes avec une caméra et un fond bleu. Des incrustations viennent parfaire le tout pour créer le célèbre ciel étoilé signature de la saga.
En 1983, Georges Lucas pousse même l’innovation plus loin en utilisant une tireuse optique pour filmer des scènes de batailles spatiales, des images inédites pour l’époque ! À cette période, le maquillage et les costumes prennent également une part de plus en plus importante dans l’esthétique générale.
La naissance du numérique
Le début des années 1990 marquera un nouveau grand coup d’accélérateur en matière d’innovation visuelle, avec la grande apparition du numérique dans le 7ème art. Le cinéma tout entier change et explore de nouvelles esthétiques.
C’est alors la grande époque de Jurassic Park : la décennie s’entame en effet avec ce nouveau film phare en termes de création d’effets spéciaux.
La mise en place de dinosaures numériques a été pensée par Stan Winston, déjà réputé pour son travail sur Terminator et sur les Aliens de James Cameron. Les personnages et les créatures sont alors filmés sur fond vert ou bleu, pour être plus facilement détourés et incrustés dans un décor créé par ordinateur. Ainsi deux techniques sont utilisées, celle des marionnettes robotisées mêlée à des effets numériques.
Dans un premier temps, des robots articulés fabriqués à échelle réelle sont donc filmés en studio. Les images sont ensuite transférées sur ordinateur pour donner vie aux dinosaures.
Une méthode nouvelle qui vaudra plus de trois Oscars à Jurassic Park, le tout accompagné d’un colossal succès auprès du public.
À partir de 1998, l’utilisation du numérique pour créer des effets spéciaux plus modernes devient une généralité. Toute une série de films « dernière génération » connaîtra un succès phénoménal, comme par exemple Godzilla, Men in Black, Matrix ou Le Seigneur des anneaux.
Une technologie qui se rapprochera de plus en plus du fonctionnement des intelligences artificielles, en se montrant capable de recréer des mouvements.
À cette période, le studio Pixar contribue fortement au développement de ces nouvelles techniques.
Le tournant James Cameron
Enfin, nous pouvons placer un 5ème repère dans les grandes innovations pensées par James Cameron pour son film Avatar, sorti en 2009.
Pour produire des images époustouflantes de la planète Pandora et de ses habitants, le réalisateur pense de nouvelles manières de tourner et de retoucher sa matière première. Certes, James Cameron utilisera le principe des images de synthèse, mais pour lui pas question de découvrir le résultat final en post-production. Dès le tournage, le cinéaste souhaite visualiser ses personnages dans leur peau de Na’vi. Le principe de la prévisualisation dès le plateau est donc mis en place.
Les acteurs sont alors couverts des capteurs qui enregistrent toutes leurs expressions et mouvements, transformés à l’écran en temps réel.
James Cameron met au point cette « caméra virtuelle » nommée « Director Centric System ».
Une fois encore, le cinéma connaît une nouvelle révolution. De plus, Avatar est entièrement pensé en 3D numérique, ce qui offre un réalisme nouveau aux spectateurs.
Ces ambitions technologiques ont fait du film le tournage le plus coûteux de l’histoire, avec un budget atteignant les 460 millions de dollars. Toutefois, cet investissement aura valu la peine lorsque l’on se penche sur les recettes faramineuses du long-métrage : plus de 2,64 milliards de dollars à l’international !
Des innovations nouvelles ont été mises au point pour penser la suite de la saga de James Cameron, ce qui vient expliquer le long délai entre la sortie du premier Avatar et de la suite des aventures de Pandora. Avatar 2 sortira en effet en salles à la fin de l’année, et si le premier film avait déjà révolutionné la profession, ce nouvel opus pourrait bien aller encore plus loin.
Le réalisateur lui-même confirme que la technologie a fait de grands bonds en avant depuis le dernier Avatar, et que le tournage du film dans son intégralité a été fait dans une résolution bien plus élevée. Les spécialistes des effets spéciaux se sont dépassés pour concevoir un univers marin époustouflant et donner une sensation de réel hors du commun, grâce à une technique de motion-capture inédite. Un résultat à découvrir prochainement sur grand écran et qui inspirera sans doute toute une nouvelle génération de cinéastes.