Les 5 qualités incontournables du futur graphiste
mars 23, 2021Futur graphiste : Quels sont mes outils indispensables?
avril 2, 2021On parle souvent de Jean Nouvel, de Philippe Starck, ou de Renzo Piano… en matière de design ou d’architecture, les hommes ont souvent la part belle, une visibilité indéniable, et une carrière reconnue. Toutefois, la profession compte également des figures féminines fortes, originales, et accomplies. Des femmes au style novateur, qu’il est important de connaître pour parfaire sa connaissance du métier. À découvrir ci-dessous, le portrait de cinq d’entre elles, qui bouleversent les tendances…
Sara Ricciardi, la designer aux multiples facettes
Sara Ricciardi est la plus jeune designer de cet article. Et pour cause,la jeune italienne est née en 1989 !
Après avoir étudié à Milan, Istanbul et New-York, la jeune femme décroche son diplôme en 2015 à la Nuova Accademia di Belle Arti, ou nouvelle académie des beaux-arts, dans le département de conception de produits.
Depuis plusieurs années, Sara Ricciardi est à la tête de son propre studio, où elle imagine des pièces uniques pour des galeries d’art et des intérieurs, mais aussi, des produits pour des entreprises, des performances, ou des installations.
Essence de son style : proposer une narration profonde, puisqu’à ses yeux, toute esthétique découle forcément d’une histoire aussi riche que précise. Son exploration se veut donc poétique, et base obligatoire de sa méthode de conception. En 2018, elle est sélectionnée par Wallpaper parmi les finalistes de Next Designer Generation, en collaboration avec les ateliers Panerai. L’année suivante, elle inaugure lors du salon Pitti 2019, son premier concept store appelé « Eden ». Il s’agit alors de proposer un design dédié à la décoration d’intérieur, pour le lancement de la collection capsule de la marque Attico à Florence.
En ayant recours à de grands maîtres de l’artisanat italien pour ses matériaux, Sara Ricciardi multiplie les collaborations avec de grandes marques, comme Visionnaire, Houtique, Coin Casa, Culti, ou Giorgetti. Aujourd’hui, Sara Ricciardi fait partie du collectif The Ladies’ Room aux côtés d’Agustina Bottoni, d’Ilaria Bianchi et d’Astrid Luglio. Son installation « Arcadia », a été particulièrement remarquée. Commandée par Alice Stori Liechtenstein (directrice de la fondation Schloss Hollenegg for Design en Autriche), l’oeuvre s’inscrit dans château du XIIe siècle accueillant des artistes en résidence. La designer proposait alors une immense sphère en suspension, emplie de poésie, et ambitionnant de refléter la beauté du château, comme les tentures et le papier peint.
Sara Ricciardi s’est ensuite essayée à son premier projet de décoration d’intérieur, en repensant son propre studio milanais, avant d’imaginer une collection de bijoux, et de travailler sur des projets de mobilier avec un éditeur espagnol.
Bethan Laura, la ville comme inspiration
Côté jeune génération toujours, la personnalité et le travail de Bethan Laura Wood sont bien loin de passer inaperçus ! Née en 1983, la designer britannique revendique en effet un look excentrique, une utilisation singulière de la couleur, et surtout…un design artistique sans pareil. Après avoir étudié le design tridimensionnel à la University of Brighton, d’où elle sort diplômée avec mention en 2006, elle intègre ensuite le Royal College of Art, pour parfaire sa connaissance en produits design. Avant même d’avoir sa licence en poche, Bethan Laura Wood lance son propre atelier, WOOD London, et laisse libre cours à son imagination, créant à sa guise, bijoux, luminaires ou meubles en tout genre.
Spécificité de Bethan Laura Wood : ses pièces sont souvent produites en collaboration avec des artisans locaux, et proposent une utilisation démocratisée. Pas question pour la designer de priver ses créations d’un usage quotidien.
Parmi ses pièces les plus fortes, on retrouve par exemple sa collection de luminaires en verre Totem, réalisée en 2011, ou les Moon Rocktables : il s’agit d’une série de tables pouvant s’assembler les unes avec les autres, façon puzzle. Pour chacune de ses créations, Bethan Wood revendiquent une forte inspiration londonienne, et une passion pour l’impact émotionnel que peuvent avoir les couleurs et les textures. 2011 sera également l’année du début de sa collaboration avec la galerie Nilufar, et du démarrage de ses travaux pour de grands partenaires internationaux, comme Ceramiche, Tory Burch, Tolix, ou Hermès.
Aujourd’hui, Bethan Laura Wood enseigne à l’Ecole d’art de Lausanne, et multiplie les projets. Dernier désir en date de la designer : réaliser une station de métro londonienne à son image !
Nina Yashar, ou le mélange des styles
Nous parlions de la galerie Nilufar… Mais qui peut bien être la créatrice d’une telle institution ?
Nina Yashar, née à Téhéran en 1957, est en effet l’une des plus célèbres galeristes italiennes, spécialisée dans le design italien, et le design contemporain.
Depuis plusieurs décennies, cette figure de la profession est une véritable référence, et compte les plus grands de la mode parmi ses clients, comme Miuccia Prada, Marc Jacobs, ou Ermenegildo Zegna.
D’origine juive, la jeune Nina grandit en Iran jusqu’à ses six ans, et déménage ensuite en Italie, suite à la décision de son père de s’expatrier. Ses études d’histoire de l’art à Venise la mènent à un diplôme, et surtout, à la possibilité d’ouvrir sa propre affaire à Milan.
Dès 1979, la jeune femme ouvre donc sa galerie, et la nomme Nilufar, en référence au prénom de sa soeur. Ses premières expositions rendent avant tout hommage à ses origines iraniennes.
Ce sera à la suite d’un voyage en Suède que Nina Yashar découvrira les meubles des designers du XXe siècle. En 1998, elle organise alors une première exposition mêlant tapis et mobilier : Swedish rugs and Scandinavian design.
Son intérêt pour les designers contemporains grandit, jusqu’à l’ouverture de son célèbre “Nilufar Dépôt”. Cette immense réserve permet à la galeriste de mettre en scène des designers du XXe tout comme des contemporains. Le succès est total : les passionnés du monde entier accourent, et reconnaissent le talent hors du commun de Nina pour dénicher de nouveaux talents. Son association décomplexée de styles différents, d’époques différentes, devient iconique, et permet la création d’une atmosphère unique.
Son club « Chez Nina », en collaboration avec India Mahdavi fait fureur lors du Salon de Milan, et présente également une collection exclusive de papiers peints et de meubles. Une galeriste visionnaire qui n’en finit pas d’explorer le design italien, mais aussi brésilien et mexicain.
Patricia Urquiola – Made in Italy
Patricia Urquiola est l’espagnole, qui semble être devenue designer en Italie, avant tout grâce à une histoire d’amour.
Née en Espagne en 1961, elle suit d’abord une formation d’architecture à Madrid, mais tombe ensuite amoureuse d’un Italien. Prise par la passion de son histoire, elle s’installe à Milan, n’ayant pas dans l’optique de devenir designer. C’est pourtant le chemin que la jeune femme prendra, étudiant à l’École polytechnique de Milan. Après avoir soutenu sa thèse sous la direction d’Achille Castiglioni, elle devient son assistante, de 1990 à 1992. Durant les années 19990, elle travaillera ensuite avec Piero Lissoni, et imaginera l’aménagement intérieur de nombreux showrooms, restaurants ou boutiques, en Europe, ou au Japon.
C’est en 2001, que Patricia Urquiola se lancera en solo dans la profession. Les douze années qui suivront la couronneront de plus de onze prix. Autant de distinctions pour féliciter son talent dans la transformation des espaces, et son immense créativité dans la conception d’objets ou de motifs.
Son studio milanais n’a beau avoir été fondé qu’en 2001, certaines de ses oeuvres font déjà partie des collections du MoMA. Une consécration pour celle qui est élue élue créatrice de l’année 2008 à l’occasion du salon français «Now ! Design à vivre». Deux ans plus tard, Patricia Urquiola recevra même la Médaille d’or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sports.
Rossana Orlandi, aussi chic qu’écolo
Rossana Orlandi, c’est l’une des icônes absolues du design italien. Après des débuts dans la mode, la designer suit son intuition, et transforme en 2002 un vieil atelier de cravates milanais en une galerie de design, sans savoir que son influence deviendra bientôt internationale.
Dénicheuse hors pair de talents, elle rencontre et fait connaître les designers de l’école d’Eindhoven (notamment Piet Hein Eek, Maarten Baas et Nacho Carbonel).
En Asie comme en Amérique, Rossana Orlandi recherche des designers innovants, jusqu’à devenir la galeriste la plus influente de son domaine. Sa capacité à créer des interactions entre des artistes et des collectionneurs, font véritablement naître le collectionnisme du design.
Ainsi, sa galerie devient “the place to be” lors de la Design Week à Milan, mais pas question pour l’icone de 74 ans de se laisser glisser dans le confort. Rossana Orlandi se renouvelle, en proposant une nouvelle aventure : le projet GuiltlessPlastic, d’envergure internationale.
Il s’agit alors d’inviter le monde du design à réfléchir sur le recyclage du plastique, matériel le plus utilisé depuis plusieurs décennies, mais à la fois le plus contesté de notre époque.
Un prix a même été lancé pour récompenser le meilleur recyclage du plastique en design. Une initiative pour faire bouger les codes, qui place véritablement Rossana Orlandi en grande prêtresse du design contemporain, et en porte-drapeau d’une lutte ultra-moderne. De quoi faire de la galeriste, la plus branchée des grands-mères de la profession.
Sa galerie Spazio Rossana Orlandi, que les connaisseurs évoquent généralement comme une caverne d’Ali Baba, fait aujourd’hui la part belle à l’économie verte, avec les travaux d’Alcarol, Massimiliano Adami, Ecopixel, Duccio Maria Gambi, Nucleo, Alessandro Mendini et de Pentatonic.