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janvier 30, 2017Le prix Pritzker est souvent comparé à un prix Nobel à destination des architectes. Véritable Graal, cette récompense vient couronner le travail de toute une vie, assurant une reconnaissance mondiale à son détenteur. Si ce prix est avant tout décerné à un architecte pour l’ensemble de sa carrière, certaines créations, remarquées pour leur audace et leur singularité, participent directement à la nomination de leur créateur. Retour sur trois bâtiments qui ont marqué le prix Pritzker.
Le prix Pritzker en trois œuvres architecturales majeures
LA CATHÉDRALE DE BRASILIA : DES FORMES FUTURISTES POUR UN ÉDIFICE RELIGIEUX
L’histoire de la cathédrale de Brasilia est particulière. Construite en 1970, dix ans après l’inauguration de Brasilia en tant que capital du Brésil, cet édifice religieux est l’œuvre d’Oscar Niemeyer. Visionnaire et engagé, cet artiste de renom a signé de très nombreux projets architecturaux en faveur de la plus jeune capitale d’Amérique latine. Avec l’urbaniste Lucio Costa, Oscar Niemeyer a façonné Brasilia pour en faire une vaste métropole ancrée dans XXème siècle et la modernité. Parmi toutes les créations de l’architecte, cette cathédrale occupe une place à part.
Si l’architecture est une discipline qui se prête à l’innovation et à la prise de risque, la construction d’un édifice religieux conserve en règle générale les mêmes codes et les mêmes règles partout dans le monde. Or, Oscar Niemeyer s’est affranchi de ces normes pour construire un lieu de recueillement unique qui suscite à la fois l’étonnement et la curiosité. La cathédrale de Brasilia repose sur une structure hyperboloïde et mesure plus de 40 mètres de hauteur. Seize colonnes de béton incurvées viennent encercler le bâtiment dont le toit est constitué de verre.
A mille lieux des édifices religieux européens, ce bâtiment se distingue non seulement par les matériaux utilisés pour sa création, mais surtout par sa forme. Contrairement aux églises et cathédrales traditionnelles construites en pierre dans un style sobre et austère, celle de Brasilia est longiligne, ce qui oblige le visiteur à regarder vers le ciel. L’idée d’Oscar Niemeyer : prendre à contre-pied le mode de construction des bâtiments religieux européens dont l’austérité et les couleurs sombres étaient dans son esprit associés au pêché. Pour sa cathédrale, il a voulu un édifice qui s’élève aussi bien d’un point de vue architectural que d’un point de vue métaphorique pour élever l’âme de ceux qui viennent s’y recueillir. Pour cette réalisation, l’architecte s’est inspiré de l’image de deux mains tendues vers le ciel. Son audace et sa prise de risque ont été récompensées en 1988 lorsqu’il reçut le prix Pritzker. Sa cathédrale reste la réalisation la plus marquante et la plus connue de sa carrière.
LE STADE OLYMPIQUE DE MUNICH RECOUVERT D’UNE TOILE D’ARAIGNÉE
Aujourd’hui, parler des jeux olympiques de Munich revient à évoquer un épisode tragique qui a marqué à tout jamais l’histoire de cette compétition. Le 5 septembre 1972, onze athlètes israéliens furent assassinés en plein milieu des jeux. Ces événements dramatiques font bien souvent oublier que le stade de Munich, appelé aussi l’Olympiapark possède une histoire architecturale singulière et très intéressante.
La construction de ce nouveau bâtiment avait pour ambition de faire oublier les JO de 1936, restés dans l’histoire comme l’événement sportif le plus marqué politiquement avec la célébration du règne d’Hitler. Les jeux de 1972 devaient donc donner une nouvelle image du pays organisateur. D’où la création d’un stade flambant neuf. Construit selon les plans des architectes Gunter Behnisch et Frei Otto, le stade olympique de Munich se démarque des réalisations de l’époque par son originalité. Son toit translucide dont la forme rappelle une immense toile d’araignée et la volonté des architectes de faire sortir de terre un stade écologique en ont fait un modèle de modernité.
Le toit du stade est une création signée Frei Otto. Ce dernier a voulu un toit translucide, car les JO de 1972 sont les premiers à être retransmis à la télévision. Pour créer cette toiture, l’architecte a dû prendre en considération deux impératifs. D’une part, laisser passer suffisamment de lumière pour les besoins de la télévision, l’image ne devant pas être trop sombre. D’autre part, assurer le confort des spectateurs en leur apportant assez d’ombre pour ne pas être gênés par le soleil. Pour trouver le bon équilibre entre ces deux exigences, Frei Otto a choisi de construire le toit avec des plaques de plexiglas fumé, d’une épaisseur de 7 centimètres. Si le projet est une réussite esthétique, la polémique enfle lorsque le montant de la facture est dévoilé. Le coût de cette réalisation est astronomique et dépasse très largement la somme allouée à l’architecte. A cela s’ajoutent des problèmes techniques importants : l’étanchéité du toit n’est pas bonne, le vent traverse la toiture, l’impossibilité de faire chauffer la piscine, le vent et les variations de températures déforment le toit. Enfin, au fil des ans les plaques de plexiglas sont devenues opaques.
Le toit du stade de l’Olympiapark reste aujourd’hui encore l’élément majeur de cette œuvre architecturale. Il réunit le stade, la piscine et les pistes d’athlétisme. Au total, la toiture couvre 74 000 mètres carrés de surface. Pour réussir un tel exploit, Frei Otto a réalisé des calculs d’une extrême précision, le but étant de faire tenir cette couverture de plexiglas et de lui donner cette forme si particulière. Son travail a été récompensé en 2015 par le prix Pritzker.
LE CENTRE POMPIDOU DE METZ
Pour rendre la culture accessible à tous, encore faut-il que les lieux culturels se décentralisent et sortent de Paris. C’est dans cette optique, qu’est née l’idée de créer un centre culturel dans l’Est de la France. La construction du Centre Pompidou de Metz a été confiée à l’architecte japonais Shigeru Ban. Ses édifices en carton ont fait sa renommée, et son engagement humanitaire a été salué par le jury du prix Pritzker. Toutefois, la réalisation de ce lieu est l’une de ses œuvres majeures.
Le centre Pompidou de Metz est un édifice totalement unique. Reposant sur une énorme structure de forme hexagonale, il est composé de trois grandes galeries mesurant 80 mètres de long, 7 mètres de haut sur 15 mètres de large. Toutes ont la forme d’un tube parallélépipédique, elles se superposent et se croisent. Disposées sur différents niveaux, la première se situe à 7 mètres du sol, la seconde à 14 mètres et enfin la troisième est à 21 mètres. Cette dernière donne sur le centre-ville de Metz et sur sa célèbre cathédrale. Les trois galeries se rencontrent en un point juste en dessous d’une grande terrasse située à 37 mètres de hauteur. Difficile à rater, le centre Pompidou s’est construit autour d’une grande flèche haute de 77 mètres.
L’intérieur est particulièrement clair et lumineux, les murs sont blancs, et les sols sont d’une teinte gris perle. Fidèle à sa réputation d’architecte écolo, Shigeru Ban a choisi le bois pour réaliser la charpente du bâtiment. D’une surface de 8 000 mètres carrés, le toit repose sur des modules hexagonaux. Recouverte d’une membrane étanche en fibre de verre et teflon, la toiture du bâtiment est atypique et facilement reconnaissable. Cette structure si particulière fait penser à diverses formes. Pour certains, le toit s’apparente à une fleur, pour d’autres à des vagues et enfin quelques personnes y voient un chapeau chinois.
En observant l’édifice de loin, le centre Pompidou de Metz ressemble surtout à un immense chapiteau entouré de grands espaces verts. Sur les 10 700 mètres carrés occupé par le bâtiment, presque la moitié est dédiée aux espaces d’exposition soit 5 020 mètres carrés.
Qu’il s’agisse de la cathédrale de Brasilia, du centre Pompidou de Metz ou encore du stade olympique de Munich, il apparaît clairement que les titulaires du prix Pritzker sont des architectes novateurs, récompensés pour leurs prises de risques. Tous ces bâtiments ont en commun leur singularité, et la volonté de leurs créateurs de réaliser une construction unique se démarquant de toutes les autres.