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juillet 11, 2014L’art vidéo de Bill Viola
Le parcours n’a pas une structure normale, avec un début, un milieu et une fin, mais s’articule autour des grandes questions métaphysiques: « Qui suis-je? Où suis-je? Où vais-je? » Les premières bandes vidéos de Viola témoignent de sa passion ininterrompue pour l’invention technologique et renvoient à sa formation scientifique à l’université de Syracuse de New York où il s’intéresse à la musique d’avant-garde, découvre Edgard Varèse et John Cage. Ses premiers gestes, entre Wild Horses (1972) et Playing Soul Music to My Frecckles (1975), inaugurent cette période d’étude des systèmes de perception et des propriétés du signal électronique : effets Larsen, de réverbération, de feed-back où l’artiste met en place les éléments qui vont structurer ses recherches à venir sur l’espace-temps et la mémoire.
En 1979, la vidéo Chott-el-Djerid (A Portrait in Light and Heat), filmée sur un lac asséché de désert tunisien, est une description presque hallucinatoire du passage du temps, avec ses mirages et figures fantômatiques. Avec la trilogie The Passing(1991), The Messenger (1996) et The Crossing (1996), installations monumentales qui contribuent à sa reconnaissance muséale, Viola plonge dans les eaux profondes et mystiques d’un monde sensible qui nous serait commun. A partir d’éléments biographiques (la naissance de son fils, la mort de sa mère), elles résument la portée métaphysique et métaphorique de son oeuvre. Son processus créatif contient une longue période maturation, il lit et prend inlassablement des notes, à tel point que son journal se décline en 40 tomes. Tout d’un coup, une image surgit. « Cela ressemble au fichier d’un ordinateur. J’ai l’icône, il faut aller chercher à l’intérieur des images. C’est comme un don. Quelque chose qui me pousse à continuer. Je ferai ça jusqu’à ma mort. » Bill Viola est dicté. Seul le mystère a de l’importance pour lui.
Décryptage par Jérôme Neutres, commissaire de l’exposition
Cette oeuvre faisait partie initialement de l’opéra « Tristan und Isolde ». Il y a de l’eau, du feu et une femme qui disparaît dans son propre reflet. Bill Viola travaille sur les éléments porteurs de création et de destruction. Eau de la naissance, de notre corps et dans le même temps du déluge, de la noyade. Feu de Prométhée de la mythologie grecque, qui permet la création, et feu qui incendie et qui détruit. Chez l’artiste sont toujours représentés le ying et le yang de chaque élément.
C’est un environnement sonore et visuel qui comporte sept personnages immergés dans l’eau, dans une salle plongée dans le noir. Ils ne ressemblent pas à des noyés, ils respirent et dorment sous l’eau. Ces dormeurs sous l’eau symbolisent l’immortalité selon Bill Viola.
« Bill Viola », du 5 mars au 21 juillet au Grand Palais.
http://www.billviola.com