Décoration d’intérieur : retour sur l’évolution de la profession au fil de l’histoire
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mars 20, 2023La population mondiale ne cessant de croître, l’architecture de demain semble contrainte de résoudre un problème de taille : comment faire face à la pénurie de logements ? Comment réussir à bâtir les villes de demain tout en respectant une grande éco-responsabilité ?
(photo couverture Lionel ALLORGE)
C’est ainsi qu’est née l’idée de l’architecture réversible, à la fois économique et écologique.
À découvrir ci-dessous, toutes les clés pour comprendre ce concept de plus en plus plébiscité par les architectes.
Le logement est une question centrale. Comment loger une population de plus en plus importante dans des villes qui se modifient rapidement, avec des matériaux durables et des contraintes environnementales que nous ne pouvons plus ignorer ?
Sans compter toutes les modifications des habitudes que l’on observe depuis le début de la pandémie.
L’architecture réversible vient proposer une véritable solution : concevoir des bâtiments qui pourraient changer d’usage avec le temps.
Ainsi, d’anciens bureaux trop peu utilisés depuis la mise en place du télétravail pourraient devenir de nouveaux logements par exemple. De nouveaux immeubles pourraient également sortir de terre, avec l’idée initiale de pouvoir être réhabilité et transformé très facilement si nécessaire.
Un tel concept prend actuellement de plus en plus d’ampleur dans les domaines de l’architecture et de la construction. L’idée est alors très simple, apprendre à anticiper.
Un projet flambant neuf pourrait ainsi être très rapidement modifié pour occuper de nouvelles fonctions.
L’aspect modulable et polyvalent d’un espace résoudrait alors un problème difficile à gérer de nos jours, celui de l’obsolescence de certains immeubles. Le bâtiment du futur pourrait donc avoir plusieurs vies, selon les besoins des citoyens et l’évolution de la société.
À ce jour, l’architecture réversible est encore minoritaire. Toutefois, elle apparaît désormais comme une voie d’avenir pour des collectivités confrontées à de grandes évolutions de l’espace public et des habitudes des citoyens. Les logements manquent et les bureaux sont aujourd’hui bien trop nombreux, en vue de la délocalisation de certaines entreprises et des nouveaux usages depuis le coronavirus.
L’Ile-de-France compte aujourd’hui trois millions de mètres carrés de bureaux vides, auxquels se rajoutent trois à six autres millions, désertés en raison du télétravail.
Transformer ces plateaux libres et dépassés en nouveaux logements semble donc être un projet intelligent pour répondre à une aberration immobilière.
En ce qui concerne les constructions futures, elles devront alors se montrer plus versatiles afin d’éviter de se retrouver avec d’immenses espaces vides sans grande utilité.
L’architecture réversible permettrait par ailleurs d’éviter des démolitions très coûteuses et peu écologiques. Pour répondre à tous les cas de figure, des étages supplémentaires pourraient même être ajoutés après construction !
En suivant ce principe, les réhabilitations futures seraient bien plus rapides et les espaces pourraient être métamorphosés pour très peu de moyens.
Un argument de taille pour les investisseurs qui seraient assurés de la grande durabilité d’un bâtiment. Plusieurs occupations pourraient s’enchaîner pour un même lieu, ce qui lui donne une toute autre dimension.
Plus question d’envisager la vie des édifices sur une cinquantaine d’années environ. Il faudra désormais anticiper de nombreux paramètres : ubérisation progressive de la société, modifications de plus en plus importantes des frontières public/privé, révolution du monde du travail…
Toutefois, ce type de construction reste toujours aujourd’hui un défi architectural pour toute une génération de designers. Les contraintes techniques sont nombreuses afin de proposer un édifice véritablement évolutif.
De grands plateaux multifonctionnels doivent par exemple être mis en place, en prenant en compte les murs porteurs, l’aspect modulable des pièces et les potentiels obstacles. Il s’agit donc d’aller à contre-courant de la construction architecturale dominante. L’observation de l’état actuel des logements construits dans les années 80 confirme cette théorie. L’esthétique des façades, la structure de l’habitat, la qualité des fondations et des matériaux doivent être entièrement pensées sous un jour nouveau pour maximiser la flexibilité des immeubles de demain.
D’autre part, il faut noter que les systèmes de ventilation, de chauffage ou d’évacuation des eaux relèvent du défi technique.
Il faut également savoir que le concept de réversibilité n’est pas totalement nouveau. Le célèbre architecte Le Corbusier avait déjà entamé une réflexion sur cette question. C’est également le cas de Marcel Lods.
Autant de réflexions préalables qui ont permis d’accéder aujourd’hui au stade de la concrétisation.
Au mois de janvier 2022 en effet, le premier immeuble “sans affectation préalable” a reçu un feu vert dans la ville de Bordeaux. Il s’agit d’une grande première en France, menée par l’architecte visionnaire Patrick Rubin (agence Canal). Ce militant de la réversibilité architecturale a obtenu le permis de construire de cet immeuble d’un genre nouveau, où chaque plateau, chaque étage, pourra aussi bien accueillir des bureaux et des logements. Un modèle qui tend à devenir la nouvelle norme.
Je retiens que :
- Penser un immeuble de façon réversible c’est anticiper ses potentielles évolutions en amont, avant même sa construction
- Le but est de mettre en place des bâtiments hybrides, qui seront prêts à accueillir toutes formes de programmes ou d’activités
- Cette architecture nouvelle réduira considérablement les démolitions, ce qui s’avère écologique et économique
- Cette souplesse d’usages s’inscrit en effet dans une démarche écologique, afin de penser la ville de demain.