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avril 14, 2022Entre 1853 et 1870, Paris change drastiquement de visage. Les transformations de la capitale sont nombreuses, intenses, ambitieuses, et annoncent l’arrivée d’une nouvelle ère. Napoléon III soutient alors le baron Haussmann dans une modernisation d’une ville encore bien médiévale sous certains aspects. Un projet titanesque qui vient bouleverser les rues, les boulevards, les façades, les égouts, les parcs parisiens, les périphéries, le mobilier urbain… Autant de remaniements particulièrement critiqués du vivant du baron Haussmann mais qui donnent à Paris son visage actuel.
Retour sur ces mesures architecturales qui ont façonné le Paris d’aujourd’hui.
Au beau milieu du 19ème siècle, Paris était encore bien moyenâgeuse. Ses rues encore très étroites étaient bien souvent sombres et insalubres. La circulation en ville est donc particulièrement pénible, les quartiers se développent sans la moindre logique urbaine, les eaux usées envahissent les trottoirs…
L’air lui-même a du mal à circuler, ce qui fait augmenter la propagation des microbes et accroît l’insalubrité alors que la population ne cesse d’augmenter, en particulier dans les quartiers du centre.
Une capitale bien mal construite (que certains évoquent quasiment comme un labyrinthe) pour un empire que Napoléon III souhaite le plus flamboyant possible.
À son sens, l’heure de la modernisation a sonné, elle devient même inévitable et ce sera le baron Georges Eugene Haussmann, Haut fonctionnaire, qui prendra en charge ce grand plan de rénovation de la ville.
Objectifs : faire de Paris et de sa périphérie un exemple d’hygiène, de beauté et de modernité architecturale.
Exit le Paris médiéval, l’urbanisme est désormais au centre des intentions du pouvoir.
1853 marquera le coup d’envoi
A compter de cette date, plus de 20 000 maisons seront détruites et 40 000 nouvelles, plus ergonomiques, seront bâties par la suite.
En somme, des quartiers entiers changent de visage, d’autant que de nombreuses buttes parisiennes sont arasées pour permettre la continuité de certains espaces. Difficile de penser de grandes percées ou de nouveaux axes de communication lorsque des buttes viennent gêner le travail.
Le quartier de l’Hôtel-de-Ville notamment sera entièrement repensé en ce sens et de nombreux faubourgs seront dissous.
Désormais, la capitale ne comportera plus 12 arrondissements, mais bien 20, en raison de l’assimilation de certaines communes limitrophes comme Belleville, Grenelle ou Montmartre.
Paris gagne alors du terrain, et gonfle de plus de 400 000 habitants.
Pour cette nouvelle ville, plus grande et plus plate, de nouveaux grands axes semblent incontournables. Des artères bien plus larges que les voies habituelles, qui se connectent les unes aux autres comme pour tisser un nouveau réseau de circulation.
Les avenues Kléber, Foch, Victor Hugo, Carnot, Niel, Friedland, Iéna, George V, les rues de Rivoli, Soufflot, Réaumur, du Quatre-Septembre, de Rennes, Turbigo, des Écoles… sont aménagées et désengorgent la capitale.
Une ossature nouvelle qui représente aujourd’hui encore la trame principale du tissu urbain parisien.
Pour l’époque, le bouleversement est immense notamment en raison de ces nouvelles trouées nord-sud et est-ouest, qui forment une sorte de croix en plein cœur de Paris. La ville s’aère et permet une bien meilleure circulation des fiacres dans ses avenues très larges et très droites.
Comparée à un organisme vivant, la cité se perçoit subitement très différemment et la bonne circulation devient un indice de santé : rapprocher le centre et les extrémités, faciliter les échanges de biens et le mouvement des hommes sont désormais des critères de progrès.
Et s’il est question de mieux circuler dans la ville même, le Baron Haussmann entend également améliorer le réseau de voies ferrées permettant d’accéder à Paris. L’urbaniste fait alors construire la gare de Lyon en 1855, puis la gare du Nord dix années plus tard.
De nouveaux lieux clés pour les Parisiens, qui supposent également la mise en place de parvis ou de places. La dynamique est lancée : la place du Châtelet, de la République, de l’Hôtel-de-ville, de l’Etoile, de l’Alma ou de l’Opéra par exemple seront créées sur mesure, afin de permettre aux grands axes de circulation de s’interconnecter. Certaines places existantes sont repensées, d’autres sont créées de toutes pièces et proposent de nouveaux lieux de vie.
Il faut dire que les habitudes changent en ville et que tous ces nouveaux théâtres et ces nouvelles Halles modifient les codes.
Un Paris moderne et pétillant qui voit bientôt s’entamer la construction d’un symbole flambant neuf, plus Haussmanien que jamais : l’Opéra Garnier.
Dès 1860, Napoléon III lance un grand concours et érige le projet d’un nouvel Opéra. Cette nouvelle priorité impériale fait grand bruit et plus de 171 concurrents s’affrontent pour décrocher le projet. Le Baron Haussmann suivra avec attention toutes les étapes de construction de ce nouvel édifice, inauguré en 1875 après plus d’une quinzaine d’années de travaux.
Assainir : Une nouvelle priorité
Si l’embellissement de Paris est certain, durant cette période de rénovation l’assainissement fait également office de priorité.
Suite à de nombreuses épidémies de choléra, le Second Empire de Napoléon III entend en effet profiter des travaux d’Haussmann pour moderniser les normes d’hygiène de la capitale.
Ainsi, le nouvel urbaniste de Paris fait appel à Eugène Belgrand pour prendre en main le développement et l’amélioration des égouts. En une vingtaine d’années environ, le réseau passera de 160km à plus de 500, recueillant les eaux de pluie et les eaux usées des ménages.
Afin d’améliorer par ailleurs la qualité de l’air, le baron Haussmann fait également développer et réaménager de nombreux parcs et jardins, comme par exemple le bois de Boulogne, le parc Monceau ou le bois de Vincennes. Alors que la France traverse une grande période hygiéniste, l’idée de la promenade dans les espaces verts devient de plus en plus populaire.
Cette réorganisation de Paris devient donc l’occasion d’offrir de nouveaux « poumons » à la ville et de multiplier les squares et jardins.
Le paysage parisien change et se végétalise comme il ne l’a jamais été grâce au travail d’Alphand, « ingénieur-jardinier » du baron Haussmann : une campagne ni plus ni moins intitulée «Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie ».
C’est à cette période qu’apparaît pour la première fois le square urbain, véritable innovation des travaux du Second Empire.
Petits espaces publics répartis partout dans la capitale, ils s’installent sur d’anciennes places ou d’anciens squares privés pour créer une certaine intimité entre les gens qui s’y promènent.
Du côté de l’eau, les liquides poisseux de la Seine ne sont plus en vogue : désormais, l’eau sera pompée dans d’autres rivières, puis affectée au service public de nettoyage des rues et d’arrosage des jardins. Des aqueducs acheminent d’autre part l’eau de source stockée dans d’immenses réservoirs tout près du centre.
Un style architectural reconnaissable
Tous ces éléments viennent métamorphoser le visage de la capitale, mais l’élément qui semble caractériser le plus le style Haussmann reste probablement l’apparence même de l’immeuble typique.
Le cahier des charges y est draconien et les paramètres sont nombreux.
La façade, élément primordial, doit par exemple être réalisée en pierre de taille et la hauteur, variant de 12 à 20 mètres, doit quant à elle être proportionnelle à la largeur de la voirie et ne jamais dépasser 6 étages.
Quant aux étages eux-mêmes, ils doivent nécessairement se composer de la manière suivante :
un rez-de-chaussée assez haut de plafond pour abriter des commerces, puis un entresol pour le logement des magasins ou le stockage des marchandises, un deuxième étage « noble » avec des balcons et des encadrements de fenêtres plus travaillés, un troisième et quatrième étages plus classiques, un cinquième étage là encore avec balcon filant et enfin un dernier étage servant de combles ou d’appartements de service.
En ce qui concerne les matériaux, nulle place à la créativité de chaque bâtisseur. Tous les immeubles doivent respecter les mêmes codes afin de garantir une nouvelle unicité à la ville lumière : le zinc et l’ardoise sont ainsi utilisés pour les toitures, la pierre de calcaire sera choisie pour les façades, la pierre meulière solidifiera les soubassements d’immeubles et les égouts, tandis que le bois sera toujours utilisé pour réaliser la charpente.
Au total, plus de 40 000 logements de ce type sont construits à cette période et ces immeubles représentent toujours aujourd’hui plus de 60% des immeubles de la capitale.
Ces logements ultra modernes pour l’époque contrastent fortement avec les habitations antérieures aux travaux et bénéficient du comble du luxe : eau courante et tout-à-l’égout garantissant ainsi aux habitants des toilettes dans chaque appartement.
Formés en L ou en U, les immeubles Haussmannien présentent également une modernité nouvelle. Tous sont agrémentés d’une cour intérieure et de grandes fenêtres afin de faire circuler l’air.
Paris change, même les ponts sur la Seine sont reconstruits ainsi que les églises.
Une transformation profonde et durable de la capitale au coût très élevé : Napoléon III souscrit en effet à un prêt de plus de 250 millions de francs-or en 1865 et un autre de 260 millions de francs en 1869, ce qui représente un total de près de 25 milliards d’euros.
Un tarif très conséquent, mais qui permet au baron Haussmann de créer une homogénéité esthétique nouvelle.
Son action un temps critiquée deviendra finalement une source d’inspiration majeure pour de nombreuses villes de province comme Lille, Toulouse, Avignon, Montpellier, Toulon, Lyon et enfin Marseille.
Au-delà de l’hexagone, d’autres capitales européennes se montrent observatrices de ces immeubles nouveaux aux normes très strictes et au nouvel agencement de Paris.
Bruxelles, Rome, Barcelone, Madrid et Stockholm dans un premier temps, puis Istanbul et Le Caire s’inspireront des grands travaux du baron Haussmann.
Ce qui change principalement à Paris suite aux travaux du baron Haussmann :
-la circulation des véhicules
-la circulation des hommes
-la circulation de l’air
-les normes d’hygiène
-le circuit des égouts
-l’approvisionnement en eau
-la création de nouveaux monuments
-la création de gares
-la création de nouvelles places
-l’unicité stylistique des immeubles
-le confort des immeubles de la ville
-la présence d’espaces verts dans l’espace urbain