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Connaissez-vous la légendaire décoratrice italienne Gabriella Crespi ? Une icône du design des années 70, dont la cote ne cesse de monter, et qui avait pour clients Grace Kelly, le Shah d’Iran ou le prince Fayçal d’Arabie Saoudite. Retour sur une happy few qui a largement influencé son époque.
Née à Milan en 1922, Gabirella Crespi a grandi en Toscane, puis à vécu à Rome, avant de s’installer à Milan. Après une jeunesse baignée dans le meilleur de l’art de vivre à l’italienne, qui lui confère une familiarité avec le Baroque, l’esprit Renaissance, elle découvre l’épure futuriste propre aux années 60-70, et entame des études d’architecture à l’école polytechnique de Milan.
Gabriella Crespi s’est toujours attachée à dessiner objets et meubles dans la tradition des « décorateurs ensembliers » et n’a jamais pris en charge une oeuvre architecturale de A à Z. Elle représente dans le milieu un modèle de créatrice stylée, jet-set, cosmopolite. Sa « main » élégante l’amène à signer des objets pour Dior dans les années 1960 et 1970.
La collection en bambou Rising Sun (1974-1975), change radicalement la tonalité de son travail centré sur le métal et la laque. Soudain, le bambou symbolise l’élément naturel et annonce l’appel de l’Asie et la philosophie bouddhiste. L’époque est marquée par l’exploration des croyances empruntées à des courants idéologiques, utopistes ou religieux. Beaucoup s’engagent dans des voyages initiatiques, géographiques, spirituels ou plus artificiels. LSD à Katmandou, méditation transcendantale dans le nord de l’Inde, haschich à Marrakech… Des Rolling Stones à Yves Saint Laurent, d’Andy Warhol aux Beattles, la scène artistique plonge sans retenue dans les « strawberry fields ».Gabriella rencontrera son guide spirituel, Shri Muniraji, sur les contreforts indiens de l’Himalaya et poursuit son chemin créatif dans des projets très différents, comme la décoration d’un temple en Inde.
La dernière exposition de son travail a lieu au Museo della Scienza e della Tecnica à Milan en 1982. Ses meubles à transformations, particulièrement ses tables basses, les fameux « Plurimi », lancés en 1970, sont devenus desmust-have. Sa table basse « 2000 », avec ses deux rallonges, des ailes en laiton poli coulissant jusqu’à 3 mètres de largeur, est désormais une des pépites recherchée par les collectionneurs. La table « Ellisse » (1976) et la collectionYang Ying (1970) sont considérées comme des pièces mythiques des seventies.
Aujourd’hui, ils sont nombreux à convoiter ses réalisations. L’antiquaire parisien Yves Gastou, qui chine en Italie depuis trente ans, vient de vendre à la fille du roi du Qatar un extraordinaire service de table complet en bronze de la designer. « Sa signature a commencé à revenir au goût du jour avec les premières ventes importantes que j’ai réalisées, notamment à Lenny Kravitz il y a quinze ans », précise t-il.
Grabriella Crespi a toujours affiché une classe de jet-setteuse qui fascine encore les créateurs d’aujourd’hui si l’on en juge les podiums de l’été 2014. Déjà en 2008, Stella Mc Cartney avait intégré des bijoux de la créatrice à sa collection d’accessoires; et cette saison, Angelo Ruggeri, le nouveau directeur artistique de Sergio Rossi, a repris les formes emblématiques de certains de ses meubles dans des accessoires disponibles depuis décembre dernier.
Une icône plus actuelle que jamais.
Retrouvez l’intégralité de cet article dans le magazine « Vanity Fair », février 2014
http://www.gabriellacrespi.it/en/