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août 6, 2021Éveiller son œil à l’architecture peut se faire de nombreuses manières.
Il est bien entendu possible et recommandé de lever le nez, en marchant dans la ville, de dessiner, de visiter des expositions, des musées, des opéras, des théâtres, des châteaux, des villages, des villes étrangères… Toutefois, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir des films de cinéma, pour stimuler son inspiration, sa culture générale, et sa connaissance de l’architecture.
De nombreux films mettent en valeur des périodes clés pour l’urbanisme, ou des demeures iconiques. Certains autres évoquent la domotique, ou le destin de personnages architectes. Autant d’occasions de marier le plaisir du divertissement, avec celui d’aiguiser son œil de professionnel.
À découvrir ci-dessous, six exemples de films que vous pouvez prendre le temps de découvrir, lors de vos études en architecture.
L’Homme de Rio
Quand est-il sorti ? En 1964
Quel est le genre ? L’homme de Rio est un film à la fois d’action, d’aventure, mais aussi une comédie et à certains égards, une romance.
Qui retrouve t-on ? Ce film de Philippe de Broca réunit notamment Jean-Paul Belmondo et Françoise Dorléac, la sœur de Catherine Deneuve rendue inoubliable par son rôle dans Les Demoiselles de Rochefort.
De quoi ça parle ? L’homme de Rio, parle d’un militaire, joué par Jean-Paul Belmondo, qui vient en permission à Paris. Finalement, il se retrouve embarqué au Brésil, pour venir en aide à sa fiancée, jouée par Françoise Dorléac, qui a été kidnappée, suite à une histoire de statuettes pré-colombiennes. Le film est une sorte d’équivalent cinématographique des aventures de Tintin, avec des cascades et des airs de films à la James Bond.
Quel rapport avec l’architecture ? Il s’avère que le film est un véritable document sur la construction de Brasilia. En effet, le personnage de Mario de Castro est directement inspiré de l’architecte Oscar Niemeyer (né en 1907, disparu en 2012). Le tournage ayant eu lieu au Brésil, surtout à Rio de Janeiro et à Brasília, le film présente des villes en construction.
Les décors naturels et urbains du Brésil sont longuement filmés, proposant un mélange de favélas aux couleurs flamboyantes, et l’architecture très moderne de Brasilia, aux proportions monumentales.
Juste avant la nuit
Quand est-il sorti ? En 1971.
Quel est le genre ? C’est un drame policier.
Qui retrouve t-on ? « Juste avant la nuit » réunit plusieurs grandes figures du cinéma français, comme Michel Bouquet, Stéphane Audran et François Périer.
De quoi ça parle ? Le film retrace l’histoire de Charles Masson, un chef d’entreprise qui trompe sa femme, nommée Hélène, avec la femme de son meilleur ami. Les deux amants décident un jour de se retrouver dans un hôtel parisien, où Laura, la maîtresse de Charles, lui demande de jouer à des jeux étranges… y compris celui de faire semblant de la tuer. Sauf que Charles, l’étrangle véritablement…
Quel est le rapport avec l’architecture ? Le film propose une subtilité très intéressante pour le regard d’un architecte, puisque la maison symbolise la personnalité-même de Michel Bouquet.
Explications : le chef opérateur, Jean Rabier, a choisi de se mettre pleinement au service de l’architecture extrêmement sophistiquée et avant-gardiste de la maison du couple. Les dynamiques de circulation dans l’espace, soulignent réellement la psychologie du personnage principal. Le réalisateur a en effet choisi de faire évoluer la caméra de telle sorte, que les personnages semblent condamnés à un circuit fermé. C’est cette idée de circuit qui permet à l’étudiant en architecture de puiser de l’inspiration.
Le spectateur comprend très intuitivement les dispositions de la cuisine, de la chambre à coucher surplombant en cercle le salon, du couloir de salle de bain… Le personnage de Charles apparaît comme un prisonnier dans son propre domicile, en raison de l’architecture si particulière du lieu de tournage. La construction très épurée de cette demeure d’architecte, vient donc jouer un rôle à part entière dans le film.
Les Biches
Quand est-il sorti ? En 1968.
Quel est le genre ? Les Biches, est considéré comme un film dramatique.
Qui retrouve t-on ? Ce film de Claude Chabrol réunit Stéphane Audran, Jacqueline Sassard et Jean-Louis Trintignant.
De quoi ça parle ? Tout se passe sur la côte d’Azur, près de Saint-Tropez. Frédérique est une riche bourgeoise parisienne, assez insouciante, qui se laisse intriguer par une jeune fille prénommée Why, rencontrée à Paris, et qui dessine des biches à la craie. Charmée, Frédérique l’entraîne dans sa villa du sud de la France, jusqu’au jour où Why tombe amoureuse d’un architecte, Paul Thomas. Frédérique est alors folle de jalousie, et décide de le séduire à son tour… sans se douter que cette situation va conduire Why à perdre la raison.
Quel est le rapport avec l’architecture ? Jean-Louis Trintignant joue dans ce film un architecte en charge de la construction de Port-Grimaud, près de Saint-Tropez. Ce personnage est alors directement inspiré de François Spoerry, un architecte mulhousien qui a réellement construit le port.
De nombreuses scènes du film témoignent alors de la construction et de l’essor de ce nouveau lieu.
Playtime
Quand est-il sorti ? En 1967.
Quel est le genre ? Une comédie.
Qui retrouve t-on ? Playtime est certainement le film le plus célèbre de Jacques Tati, dans lequel il joue également, aux côtés de Barbara Dennek et de Rita Maiden.
De quoi ça parle ? Playtime est un film à sketchs, constitué de six séquences. Deux personnages se rencontrent en effet à plusieurs endroits, au cours d’une même journée. Il s’agit de Barbara, une touriste américaine venue visiter Paris avec un groupe de femmes, et de Monsieur Hulot, un Français perdu dans la modernité de la ville.
Quel est le rapport avec l’architecture ? L’architecture est littéralement omniprésente dans le film. Jacques Tati, avant toute chose crée sa ville, nommée ni plus ni moins « Tativille ». Un projet fou, réalisé sur un terrain vague de 15 000 m².
Ce décor titanesque a permis au réalisateur d’imaginer une ville extrêmement moderne pour l’époque, dont l’esthétique très forte, permet de visualiser une ville disproportionnée pour ses habitants.
L’industrialisation y est évoquée, par la répétition et la régularité des éléments de la ville.
Dès la première séquence du film, Monsieur Hulot explore un bâtiment de verre et d’acier pour une réunion, mais finit par se perdre dans une sorte de labyrinthe de chambres et de bureaux.
Par la suite, ce même personnage permet au spectateur de visiter un appartement, considéré comme à la pointe de la modernité par le réalisateur : peu meublé, ultra-moderne et largement vitré.
L’entièreté du film permet d’explorer le fantasme architectural de Jacques Tati.
Génération Proteus
Quand est-il sorti ? En 1977
Quel est le genre ? Génération Proteus est un film de science-fiction.
Qui retrouve t-on ? Ce film de Donald Cammell réunit notamment à l’écran Julie Christie, Fritz Weaver et Gerrit Graham.
De quoi ça parle ? Le film raconte l’histoire d’Alex Harris, un professeur en cybernétique, qui a mis au point l’ordinateur le plus perfectionné au monde. Cet ordinateur, nommé Proteus, est doté d’un cerveau artificiel, autrement dit, il parle comme un humain et ses capacités de logique et de réflexion se développent continuellement. Très vite, l’ordinateur exprime son intention d’étudier l’homme. Or, la maison du couple, Alex et Susan Harris, est entièrement automatisée grâce au système informatique. Peu à peu, l’ordinateur prend possession de la maison.
Quel est le rapport avec l’architecture ? Le rapport, c’est avant tout que la maison entièrement automatisée et dirigée par une intelligence informatique. Le film est en quelque sorte un film d’horreur, qui remet en cause la domotique. Susan, l’épouse du professeur, est même séquestrée dans son domicile par l’intelligence artificielle. Une sorte de thriller technologique des années 70, qui interroge la présence de la maison même, l’essor du numérique, et les progrès architecturaux.
Oscar
Quand est-il sorti ? En 1967
Quel est le genre ? Une comédie.
Qui retrouve t-on ? La grande vedette du film est Louis de Funès, qui partage l’affiche avec le comédien Claude Rich.
De quoi ça parle ? Le film raconte l’histoire d’un industriel (joué par Louis de Funès) qui va vivre une journée plus que trépidante, puisqu’il découvre au fil de quelques conversations successives que sa fille est enceinte, qu’il a été volé par un employé, qu’un homme entend demander la main de sa fille, qui n’est en réalité pas sa fille… Etc
Quel est le rapport avec l’architecture ? L’entièreté du film est tournée dans la Villa Stein, imaginée par l’architecte Le Corbusier, de quoi proposer un décor fabuleux.
Les intérieurs tout comme les extérieurs de la maison sont présentées, après un tournage réalisé à Vaucresson près de Paris.
La villa Stein est une réalisation emblématique de l’architecte, témoignant notamment de sa période puriste, caractérisée par des villas aux façades blanches et aux grandes lignes géométriques.
Pour rappel, Le Corbusier avait défini le purisme en 1919, dans la revue d’avant-garde L’Esprit, en expliquant que « les œuvres sont rendues lisibles par des formes simples et dépouillées, organisées en constructions ordonnées, et génératrices d’harmonie».
Cette villa Stein illustre donc les cinq points de l’architecture moderne, à savoir, des pilotis soutenant les dalles de béton pour les fondations, un toit-terrasse, un plan libre, des fenêtres en longueur pour laisser entrer un maximum de lumière, et une façade libre, affranchie de sa fonction porteuse.