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septembre 1, 2021Retour sur son installation exceptionnelle, présentée au Bon Marché n’est pas passée inaperçue, l’artiste japonaise Chiharu Shiota a fait sensation en 2017 avec ses œuvres monumentales tissées directement dans le grand magasin parisien.
Au programme : plus de cent-cinquante bateaux aux coques de métal évidés qui naviguent sous les verrières centrales du célèbre établissement de la Rive Gauche, et une colossale vague de maillages de fils blancs, pour inviter le visiteur à déambuler dans une structure nouvelle.
Une œuvre intitulée « Where We Are Going ? » que l’artiste japonaise souhaitait immersive, artisanale, poétique et urbaine. Un défi qui a été salué par le monde de l’art contemporain, et a conduit l’artiste à plus de 19 autres expositions cette même année, aux quatre coins du monde.
Lorsque l’oeuvre est présentée en 2017, les Parisiens n’avaient jamais vu leur Bon Marché habituel de cet œil-là.
Chiharu Shiota a en effet été invitée par le grand magasin pour une exposition monumentale au cœur même des espaces principaux.
« Where are we going ? », un titre que l’artiste a expliqué comme un renvoi assumé à l’incertitude du parcours d’une vie. Car à ses yeux, chaque personne mène un voyage dont il ne connaît pas la destination, et qui sera perturbé par un très grand nombre d’informations quotidiennes.
La partie principale de cette œuvre, composée de fils blancs tissés, évoque alors le réseau grandissant des nouvelles technologies qui placent toujours plus de choses, plus rapidement à notre portée, sans pour autant que le corps humain ne s’adapte à ces évolutions.
Selon Chiharu Shiota, cette complexité nouvelle rendrait encore plus difficile un accès aux véritables significations de la vie humaine, et créerait de nouveaux obstacles.
Une œuvre philosophique, créée in situ au cœur du Bon Marché, en entremêlant des fils dans l’espace, sur l’idée d’un motif triangulaire.
Cette pratique est devenue très caractéristique du travail de la Japonaise, qui vit et travaille à Berlin depuis ses 24 ans (en 1996).
Après avoir mené des études à l’université Seika de Kyoto au début des années 1990, et un échange à Canberra, la jeune femme s’est en effet installée en Allemagne, où elle étudie à la Haute École d’arts plastiques de Brunswick, puis en 1999 à l’École des Beaux-Arts de Berlin.
Un exil, qu’elle explique comme une façon pour elle d’accéder à une plus grande reconnaissance de son travail artistique, la condition de l’artiste dans son pays n’étant pas suffisamment bonne.
Chiharu Shiota développe donc sa pratique, et mélange les genres, alternant entre l’art, la performance, et l’installation d’œuvres spectaculaires, souvent composées de grandes accumulations ou de tissages.
Une façon pour elle, d’explorer le lien tangible entre le passé et le présent, tout en proposant une atmosphère onirique au spectateur. Influencée par Annette Messager ou William Kentridge, Chiharu Shiota a souvent eu recours à des matériaux très simples, pour démultiplier l’impact de ses œuvres, et s’offrir la possibilité de l’improvisation.
Des œuvres éphémères, et bien souvent immersives, pour proposer un voyage, tantôt dans un ciel nocturne, tantôt dans la spiritualité japonaise, comme lors de la 56ème Biennale de Venise, où l’artiste a proposé un océan de fils rouges, composé à l’aide de 400 kilomètres de fil. L’idée est alors de renvoyer au fil rouge du destin, qui revient fréquemment dans la pensée asiatique.
Pour rappel, le pays d’origine de Chiharu Shiota lui a rendu hommage en 2019, avec une large rétrospective de son travail depuis les années 1990. Une exposition intitulée « The Soul Trembles », qui a été présentée au Mori Art Museum de Tokyo.