Marc Berthier ou le design accessible à tous
janvier 27, 201810 inspirations Land Art
juin 9, 2018La création d’un mobilier design pour une production de masse n’est apparue que très tardivement au Japon. Jusque dans les années 1980, l’Archipel Nippon ne connaissait que la production artisanale. Une particularité qui s’explique par l’attachement des japonais à leurs traditions séculaires. Le mobilier design, au sens occidental du terme est conçu dans de grandes entreprises et sa fabrication est réalisée à la chaîne. Il faut attendre la toute fin du XXème siècle pour que le Japon découvre une forme de design qui lui soit propre. A l’origine de ce mouvement, plusieurs designers dont Isamu Noguchi, Shiro Kuramata et Shigeru Uchida.
Le mobilier japonais traditionnel se distingue par ses couleurs naturelles avec une forte présence de marron pour l’utilisation du bois, et de blanc crème qui ressort avec la présence de panneaux et de décoration en papier de riz. Les espaces sont peu meublés, et la lumière joue un rôle important. Le style japonais se caractérise par une décoration très spartiate. Avant d’être décoratifs, les meubles sont avant tout fonctionnels.
ISAMU NOGUCHI, LE PIONNIER DU DESIGN JAPONAIS
La période suivant la seconde guerre mondiale est celle de l’émergence du mobilier design. En Occident, les designers scandinaves dominent le secteur, et leurs créations envahissent les habitations de part et d’autre de l’Atlantique. Pendant ce temps, le Japon s’accroche aux méthodes traditionnelles de fabrication de mobilier. C’est à la fin du XXème siècle, que le sculpteur et designer américano-japonais, Isamu Nogushi va produire les lampes Akari qui deviendront des best-sellers. L’artiste a l’idée de fabriquer des luminaires en s’inspirant des lampes utilisées par les pêcheurs japonais. La réalisation des lampes Akari est le fruit d’une longue réflexion puisque le designer a travaillé sur ce projet de 1951 à 1987. Pour mettre au point son concept, Isamu Nogushi utilise du papier issu de l’écorce interne du mûrier, appelé papier Washi, cette matière très légère qui laisse passer la lumière est collée à une armature flexible en lamelles de bambou, les pieds sont quant à eux en pierre. La structure peut prendre plusieurs formes : ronde, sous forme de brique, ou de colonne torsadée.
Akari signifie lumière, un nom parfait pour cet objet qui diffuse une lumière très agréable et feutrée. Le succès est rapidement au rendez-vous et les lampes Akari commencent à être produites en quantité industrielle. Le succès de ces luminaires est tel qu’il dépasse les frontières japonaises. Les lampes Akari sont un parfait mélange entre l’utilisation de matières naturelles, la finesse du travail japonais et le mode de production de masse, un trait typiquement occidental.
SHIRO KURAMATA, LE DESIGN RAFFINÉ ET ÉLÉGANT
Shiro Kuramata est un designer qui a marqué le Japon. Ce natif de Tokyo a fait des études d’architecture avant de rejoindre l’école de design de Kuwazawa. La production de mobilier est sa passion. Toutefois, ses créations restent fidèles à la culture nippone : entre poésie, minimalisme et fonctionnalité. Le père du design post-moderne décédé en 1991 laisse derrière lui une impressionnante liste de réalisations. Amoureux de la transparence et de la nature, Shiro Kuramata a marqué les esprits notamment avec la chaise Miss Blanche sortie en 1988. Ce siège transparent en acrylique contient des roses prisonnières de la structure. Les fleurs semblent flotter à l’intérieur du siège. La Twilight Time Table joue également sur la transparence avec son plateau de verre et ses pieds en résille métallique qui donne une impression de légèreté et de flottement. Un des plus grands succès de Shiro Kuramata restera la commode Side 1 et Side 2. Celle-ci est facilement identifiable grâce à ses lignes onduleuses et sa bichromie noir et blanc.
La spécialité de Shiro Kuramata reste les sièges : plusieurs de ses réalisations ont été de véritables succès commerciaux. Les fauteuils Glass Chair, How High the Moon ou encore Miss Blanche ont frappé les esprits par leur légèreté, leur finesse et leur volonté de défier la gravité. La qualité des matériaux utilisés et la volonté de Shiro Kuramata de produire du mobilier design haut de gamme explique pourquoi ses réalisations n’ont jamais été produites en grande quantité mais toujours en édition limitée pour une quelques privilégiés.
SHIGERU UCHIDA ET SES TRÈS NOMBREUSES CRÉATIONS
Figure incontournable du design japonais, Shigeru Uchida est un artiste dont les créations sont exposées à ravers le monde. Il est possible de voir ses produits au MoMA à New York, au Musée des Arts décoratifs à Paris, ou au Musée d’Art de Denver. Ce créateur prolifique a passé une grande partie de sa vie à imaginer et à réinventer le mobilier. De très nombreux meubles sont sortis de son imagination. Parmi les plus notables, la Two-seater September Chair réalisée en acier tubulaire et pensée pour deux personnes. Créer des meubles qui répondent à un ou plusieurs besoins est un objectif profondément ancré dans sa démarche. La Table Lamp en est un parfait exemple puisqu’elle possède une double fonctionnalité. Il s’agit d’une table diffusant de la lumière. Avec ses pieds en bois et son plateau en acier, la Table Lamp est un meuble ingénieux et doublement fonctionnel.
Son plus grand succès reste L’Uovo lamp. Il s’agit d’un luminaire dont la forme ovale se pose directement au sol. Comme son nom l’indique cette lampe à la forme d’un œuf. Pour cette réalisation, le designer a utilisé du verre poli ainsi que de l’acier chromé. Des matières froides ayant la particularité de diffuser une lumière douce. La base de l’œuf est la partie la plus lumineuse, le haut transmettant une lumière beaucoup moins forte. Cet objet a connu un énorme succès et est considéré comme une réalisation majeure de Shigeru Uchida. La volonté du designer était de travailler sur l’invisible. D’ailleurs, les espaces intérieurs qu’il a conçus se distinguent par le peu de mobilier présent. Shigeru Uchida estimait que trop d’importance était accordée au visible et donc aux objets, il a voulu prendre le contre-pied de l’existant en accordant plus d’importance à l’espace et au vide.