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janvier 6, 2015La mode dans les années 50
Les années 50 sont l’antichambre du prêt-à-porter. Le Palais Galliera revient sur cette période historique de la mode au cours d’une exposition retraçant la haute couture en France de 1947 à 1957. C’est après une bonne heure d’attente que l’on pouvait déambuler entre les robes de cocktails, de soirée ou tout simplement des robes de plage et de campagne. Et côtoyer les plus belles réalisations des grands noms de la mode tels que Christian Dior, Gabrielle Chanel, Carven, Jacques Fath, Pierre Cardin et bien d’autres.
Sous l’ère de la haute couture
Guêpières, robes du jour, de gala, robe-manteau, jupons, jupes à corolle, escarpins pointus ou plus décontractés, pulls, jeans moulants, pantalons corsaires… C’est ce que présente l’exposition « La mode en France, 1947-1957 ». Elle révèle des œuvres de grands couturiers mais on peut y voir aussi des couvertures de magazines d’époque tel que « Elle » ainsi que des patrons et croquis faits de la main de ces professionnels de la haute couture.
Revenons en février 1947 lorsque la collection d’un couturier installé avenue Montaigne modifie définitivement le paysage de la mode. La longueur et les formes des vêtements annoncent alors une vraie révolution. Les jupes deviennent amples, longues, juponnées. Les tailles sont marquées à l’excès, les corsetteries sont de retour. Tous ces éléments qui définiront la féminité des années 50.
Quatre ans après l’arrivée de ce qu’on appellera le New Look, le grand couturier Christian Dior représente alors à lui seul 49% du chiffre d’affaire total des exportations de la couture française. Les défilés de cette maison font à partir de 1962 l’objet d’un véritable engouement médiatique et commercial. On apprend aussi que durant les années 50, l’empire de la haute couture est essentiellement dominé par le sexe masculin.
Nous découvrons Jacques Fath qui fait partie de ces artisans et dont les œuvres sont toutes plus belles les unes que les autres. A cette époque Cristobal Balenciaga fait aussi partie des maîtres de la mode en réalisant des vêtements aux volumes architecturés. Mais Gabriel Chanel dénonce cette domination stylistique en imposant son retour à l’âge de 71 ans avec son fameux tailleur en solution vestimentaire qui donnera une silhouette androgyne et annoncera alors les bouleversements de la décennie suivante. On contemple aussi les œuvres de nombreux autres artistes comme Jacques Heim, Jacques Griffe, Jean Dessès, Antonio de Castilllo, Pierre Cardin, Hubert de Givenchy.
Mais c’est en 1957, lors de la disparition de Monsieur Christian Dior que le répertoire magnifié des années 1950 se ferme. C’est alors Yves Mathieu Saint-Laurent, pour qui Christian Dior avait beaucoup d’estime, qui reprendra la direction artistique de la maison. Le décès de ce maître engendrera des conséquences importantes comme la fermeture d’un grand nombre de maisons. En effet tandis que l’on en comptait 106 en 1946, il n’en reste plus que 36 en 1958.
Les années 1950 précèdent ainsi l’arrivée du prêt-à-porter, chose contre laquelle la haute couture aura peine à trouver les réponses contemporaines adaptées. C’est sans doute pour cela que cette période reste un chapitre isolé dans l’histoire de la mode.
« Les robes du soir sont le luxe des couturiers. Ils y mettent toute leur fantaisie. Elles représentent environ un dixième des modèles de la collection. »
Paris Match 2 septembre 1950.
Un bel hommage aux grands couturiers
Robes du soir en velours de soie, tailleurs de jour en toile de laine, robes d’après-midi en jersey ou encore robes de grand soir en satin d’acétate, voilà ce que nous pouvions admirer quatre mois durant au Palais Galliera.
Il fut difficile dans une exposition si impressionnante de trouver des défauts. Le seul inconvénient est sans doute la prise de photo qui est strictement interdite comme dans beaucoup d’expositions.
Le parcours est quant à lui très bien pensé puisque chaque salle est consacrée à un domaine. Les tailleurs et les robes de jours sont présentés dans le salon d’honneur (salle principale). On accède ensuite à la grande galerie où l’on tombe face aux robes du soir. Dans la galerie Est (la plus petite) on pouvait voir les robes d’été. Il y avait ensuite la petite galerie où l’on retrouvait la lingerie et enfin le salon carré avec ses robes de cocktails, croquis et photos.
De l’éclairage en passant par les murs et la beauté du palais Galliera, tout était réuni pour accueillir ces chef-d ‘œuvres de la mode et de la haute-couture, et rendre un bel hommage aux femmes et aux hommes qui les ont pensés.
Cette exposition montre à quel point leur réussite est née du désir de changer la vision de la féminité. En commençant par en changer les formes, les codes couleurs et les associations de matière. On comprend que la source première de leur réussite n’est autre que la femme des années 1950 et les bouleversements sociaux et politiques qui ont marqué son époque. Et que c’est à cette époque même que la mode, engendrant par la suite le prêt-à-porter, est née.
Marion Mantel, étudiante en BTS design produits 2ème année
Les années 50 : la mode en France, 1947-1957
Du 12 juillet au 02 novembre 2014
Palais Galliera – Musée de la mode de la Ville de Paris
Le site de l’exposition